[FB] Faut-il toujours surprendre si l'on veut avoir de l'attention ? RILEY & HELEN

Si Helen avait su dire d'office que parler trop était un de ses grands défauts, le jeune homme lui ne paraissait pas du tout posséder ce même encombrement. Peut-être était-ce normal en fin de compte, qu'un faucheur soit à l'écoute. S'ils ne semblaient pas altruistes au premier regard, peut-être fallait-il tout de même un certain talent d'écoute pour diriger convenablement les nouveaux morts vers une suite acceptable. Ils se devaient de les guider de la meilleure façon possible. C'était peut-être ce qui les motivait pour ce « métier ».
Et puis, cela évitait sans doute de trop en révéler d'un seul coup. Le problème avec les bavards étaient toujours qu'ils avaient tendance à trop en dire et à trop poser de questions. Au moins, avec une personne discrète les chances de déballer sa vie étaient moindre et personne ne pouvait se sentir obligé de répondre par un mensonge à une question. Le mensonge se remarquait souvent et ne permettait jamais d'établir de bonnes relations alors, mieux valait ne pas trop en dire. Helen retiendrait peut-être cette leçon un jour et prendrait exemple sur Riley pour ce qui était de savoir écouter mais, pour l'instant, elle se contenterait de faire comme bon lui semblait.
Lorsque le brune en vint à la petite question du « faucheur », il fut rapidement établi que Riley ne refuserait pas de répondre. Il essaya même de faire la part des choses et d'expliquer clairement. La jeune femme l'écouta alors attentivement, c'était intéressant. Sa réponse, elle, donna à Helen une image plus positive de l'emploi. Il venait d'y avoir une humanisation du terme faucheur dans son esprit. Elle les verrait plus comme des personnes avec des souhaits et partant sur la base de faire le bien, d'aider les autres, de se montrer ouverts et guider les morts. Après tout, ils étaient tous partis d'une même chose, d'une mort certes différente mais qui au final amenait à Skyline. Et cela, même si apparemment, les temps étaient durs ! Cette phrase ne fut pas sans faire sourire Helen. Voilà qui était bien un comble. Les gens refusaient-ils de mourir ? Le pauvre Riley n'aurait bientôt plus à se faire faucheur si cela continuait. Il pourrait se consacrer à tout autre chose. Mais à quoi ? Que faisait-il en dehors de guider les nouveaux ? Cela serait une question à poser plus tard sans doute, plus tard ou, à une prochaine rencontre car oui, Helen espérait bien revoir celui qu'elle avait malencontreusement giflé lors d'une journée plus que mortelle et qui avait su malgré son geste, égayer ses pensées et sa journée.
Le jeune homme la coupa dans ses pensées, continuant à fournir des réponses bienvenues. Ainsi donc, elle n'avait pas été la seule à trouver son « guide » assez … spécial. Ce qui en soit ne pouvait plus être expliquer par une quelconque obligation puisque Riley venait de lui confirmer que devenir faucheur débutait d'un choix personnel. Aussi ne faisait-il que dire la vérité et ne dénigrait en rien les autres faucheurs. Helen lui sourit alors, le rassurant un peu au cas où cela l'aurait dérangé de se montrer désagréable.
- Au moins, vous semblez lucide et, d'ailleurs je peux dire sans mal que vous ne ressemblez en rien au faucheur qui m'amena … de l'autre coté, cela dans le bon sens. Je suis plutôt contente d'avoir affaire à un faucheur totalement différent qui me démontre que tous ne sont pas ce qui paraît au premier abord. Oui, elle avait eu du mal à dire le mot « mort » d'une seul coup, peut-être à cause d'un brin de nostalgie, de regret ou de chagrin, quoiqu'il en soit, ce qu'elle venait de dire à Riley, elle le pensait. On pouvait presque dire qu'elle avait eu de la chance de gifler une personne comme lui. Cela pouvait s'apparenter à de la chance, ça compenserait sans doute la malchance de cette rencontre incongrue.
Alors qu'elle se retrouvait une nouvelle fois plongée dans ses pensées, Helen entendit Riley reprendre la conversation et la questionner à son tour. Le trait d'humour, assez vrai ne passa pas inaperçue et la jeune femme rigola un peu nerveusement encore légèrement gênée de ce qu'elle avait fait et un peu confuse aussi. Mais, ne s'appesantissant pas sur cela, la brune préféra trouver une réponse convenable à formuler. Pas qu'elle n'ait rien à faire de sa vie mais … si en fait. A part venir pleurer ici, sur son sort et regarder Caleb évoluer dans la vraie vie, elle ne faisait rien. C'était assez affligeant. Un peu crispée par cette constatation, Helen répondit un peu vite :
- Euh, c'est assez flou. Je passe le plus clair de mon temps à marcher. Je n'ai pas vraiment d'occupation autre mais, j'espère bien trouver vite. J'ai un peu regarder les annonces et les besoins des employeurs, peut-être que je pourrais trouver quelque chose du coté du centre commercial. Qu'est-ce que c'était que cela ? D'où venait ce besoin de se justifier et de montrer qu'elle n'était pas inactive ? Elle n'en savait rien mais au moins avait-elle répondu !
- C'est un peu pitoyable. Ma mort se résume à flâner d'un endroit à l'autre. Vous avez de la chance d'être actif. Vous avez l'air de vous être constituez une belle … mort. Cette phrase n'avait aucune utilité propre. Elle avait encore parlé sur un coup de tête mais, au moins disait-elle ce qu'elle pensait. Même si cela restait … dépourvu d'intérêt.
- Si cela n'est pas déplacé : depuis combien de temps êtes-vous … ? Je veux dire, depuis combien de temps résidez-vous à Skyline ?

{ réponse assez pourrie, désolée. J'espère que ça reste compréhensible.}

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« In the end it's worthwhile »

The world seems not the same, though I know nothing has changed. It's all my state of mind, I can't leave it all behind. I have to stand up to be stronger. I have to try to break free from the thoughts in my mind. Use the time that I have. Have to make it right. Have to fight, cause I know that the pain that I feel slowly fades away. It will be alright.

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La phrase que prononça la jeune femme, à propos de son faucheur, eu pour effet d'arracher un sourire à Riley. Malgré lui, il s'imagina à quoi pouvait ressembler la dite personne, pourquoi pas petit, gros et chauve ? Sans doute parlait-elle du comportement et non du physique. Tous n'étaient pas aussi "humains" que lui, certains se contentant de faire le "minimum syndical", à savoir expliquer ce qui venait de se produire et ce qui allait se passer par la suite. Point. Cela n'était pas suffisant pour Riley. Pour lui, procéder de cette façon, était le meilleur moyen pour retrouver des âmes esseulées, errant sans but aucun après leur arrivée. Cette errance pouvait durer un certain moment, chose qui n'était pas du tout dans l’intérêt du Skyline. En effet, plus les gens "zonent" et moins ils ont envie de s'en sortir, de trouver un emploi... Mieux valait tout expliquer clairement dès le départ et ainsi mettre le plus de chances possibles du côté de l'âme pour sa nouvelle vie. Pouvoir repartir de zéro, une véritable chance à ne surtout pas rater. Le brunet ne voulait pas cracher sur ses collègues, ce n'était pas vraiment son genre. Avec un sourire non contenu il répondit une nouvelle fois à la jeune femme.

" Et bien je dois dire que je suis ravi de vous faire quelque peu changer d'avis sur la question ! Peut-être que les critères de recrutement devraient être un peu moins... laxistes, cela éviterait sans doute quelques... déboires ! "

Helen ne semblait pas vraiment à l'aise vis à vis de l'interrogation du Canadien. Quelque chose avait l'air de la tracasser. Aussi répondit-elle d'un ton plutôt rapide. Au moins avait-elle une activité physique régulière, ce qui dans le fond était mieux que rien du tout. Cette façon qu'elle avait de justifier ses actes était plutôt amusant. Un sourire apparu presque instantanément sur le visage du brunet.

" Trouver sa "voie" n'est pas chose facile, cela viendra, ne vous inquiétez pas. Parfois il suffit d'une toute petite chose pour débloquer la situation. Avec un minimum de persévérance vous devriez trouver rapidement. Et puis la chance se provoque... Alors provoquez là! Je comprend mieux d'où vous tirez toute votre force. Autant d'activité physique, ça aide ! "

Nouveau trait d'humour, certes le mécanisme de la marche n'intervenait en rien dans le développement musculaire des bras ou bien de la ceinture scapulaire, c'était une véritable idiotie qu'il venait de sortir là, juste histoire de rire un peu plus de la situation, mais aussi de ne pas insister sur les activités d'Helen. C'était en quelque sorte sa façon à lui de dire qu'il avait compris et qu'il n'insisterait pas plus sur le sujet.
Une belle mort, si elle savait, il passait le plus clair de son temps à ressasser son passé, rien de très enviable au final. Le goût de l'écriture lui était revenu, mais pas l'inspiration qui allait avec. Plutôt moche. Il haussa les épaules d'un air entendu.

" Au moins vous voyez du pays, il faut voir le bon côté des choses... Oh, je ne suis pas si actif que cela... J'essaye de m'en constituer une, pas facile ! Lorsqu'on y pense, ma vie aussi se résume aussi à flâner d'un point A à un point B. "

Il grimaça légèrement pour deux raisons, premièrement pour cette triste constatation, sa vie n'était pas vraiment dénuée de sens, mais un peu tout de même; et deuxièmement parce que la brunette lui posa une question le concernant. Ca y est, le moment fatidique allait arriver. Après cette question viendrait surement celle sur la raison de son décès... Il tenta de ne pas laisser transparaître le malaise qui le gagnait. Il regarda ses pieds en même temps qu'il répondit.

" Je suis là depuis 1999... autant dire une éternité. "

Il releva la tête et planta son regard dans celui de la jeune femme. Rapidement, sans doute trop, il lui retourna la question.

" Et vous, depuis combien de temps êtes-vous dans ce bon vieux Skyline ? "

[C'est compréhensible, pas de panique ! Tes réponses sont toujours bien, donc ne t'en fais pas... je peux pas en dire autant. En fait nous sommes les éternelles insatisfaites de nos réponses à bien réfléchir ^^ Le début de ma réponse est un peu étrange, tournures de phrases pas top ><]

Changer d'avis sur la question ? Bien sûr, comment en être autrement en rencontrant une personne aussi agréable que Riley. Étrangement, la jeune femme n'avait aucune difficulté à lui parler. C'était un peu le genre de personne que l'on disait propre sur lui et étonnamment à l'écoute. Elle se sentait en confiance avec le faucheur. C'était plaisant, discuter ainsi, à l'improviste et découvrir que l'interlocuteur était intéressant. Toujours plus intéressant que la pimbêche qui accompagnait Caleb ! Elle l'oubliait peu à peu d'ailleurs. Un bienfait dont elle était reconnaissante à Riley. Il lui permettait de changer d'air.
Revenant sur le sujet, la brune ne put qu'acquiescer lorsque le jeune homme exprima son opinion et proposa que le « concours » pour devenir faucheur soit durci. Cela serait peut-être bien, en effet. Mais, à qui faire part de cette idée pour le moins réaliste ? Ne se souciant plus de cela, Helen l'écouta répondre à ses propos. Il était de bon conseil et paraissait particulièrement complaisant en ne la traitant pas de bonne à rien et allant même jusqu'à la rassurer. Un homme bien ! Helen en était certaine à présent. Riley était une bonne personne. Peut-être trop. Il aurait pu sans mal se moquer ou la rabaisser avec son manque flagrant d'activité professionnelle mais, rien. Il avait même poussé sa gentillesse jusqu'à un nouveau trait d'humour. En réalité, bien sûr cela était peu réel. La marche n'aidait en rien à se maintenir en si bonne forme mais l'attention était là. Elle le comprit sans mal.
A sa phrase suivante, Riley ne parut pas des plus d'accord avec elle. N'avait-il pas une belle mort ? Il semblait investi et concerné par ce qu'il faisait que la jeune femme en venait à penser facilement qu'il faisait tout pour réussir cette seconde chance qu'était la mort à Skyline.
Au lieu de répondre par l'affirmatif, le jeune homme parla de voyager. Ce n'était pas faux, elle bougeait assez souvent. Mais si voyager se résumait à toujours aller aux mêmes endroits pour épier la même personne, encore et encore … c'était bien triste. Mais voilà, Riley ne savait pas cela et après tout, peut-être, peut-être que cela revenait à voyager. Le faucheur la reprit sur ce qu'elle pensait. Son activité n'était semble-t-il pas au summum de ses possibilités. Comme quoi, les apparences pouvaient être trompeuses !
Qui se serait attendu à ce qu'un homme ainsi fait, en apparence plutôt bien dans ses affaires ne soit par en fin de compte plus à l'aise qu'un autre. Il essayait comme tout le monde, essayer de se constituer une nouvelle vie. C'était bien dur et il exprima lui-même cela. Quant à la suite, la jeune femme se demanda si Riley n'était pas consterné par ce qu'il venait de mettre en avant. Flâner ? Sans doute mais, était-ce si mal ou si dérangeant ? Pas vraiment et même si une vie pouvait avoir besoin d'un peu plus d'ambition, se retrouver à faire les choses calmement et tranquillement n'était pas mal non plus.
Quand vint sa question, Riley parut embêté. Oui, c'était le mot. Pourtant, la jeune femme ne pensait pas avoir posée une question si … dérangeante. Quoique, après tout, elle ne connaissait pas vraiment son interlocuteur peu-être cela le gênait-il. Tant pis, elle attendrait sa réponse et de là, aviserait. Soit elle s'excusait soit elle continuait à converser bien gentiment.
Peut-être était-il tout simplement gêné de devoir répondre mais, cela ne l'empêcha de finalement ouvrir la bouche. La jeune femme l'écouta et acquiesça. Il avait baissé la tête mais tant pis. Elle avait marqué sa compréhension. Il était arrivé pas moins de dix années avant elle ! Oui … une éternité, elle n'en doutait pas. La brune fixa son regard dans celui du jeune homme et l'entendit lui retourner la question, comme voulant se débarrasser de la balle. Elle le comprenait fort bien et fit de son mieux pour conserver la parole, ne le forçant pas à se dévoiler. Il ferait comme bon lui semblait.
- Oh, depuis peu … je dirais sept mois. Le temps me paraît pourtant long certaines fois. Et la solitude n'arrange pas vraiment ! C'est pour cela que trouver un emploi fait parti de mes nouvelles priorités. Cela m'évitera sans doute l'ennui et la morosité. J'aurai un peu d'action dans cette mort. Enfin, s'éterniser sur le sujet risque de nous donner le cafard à coup sûr … Vous êtes sûr de ne pas devoir aller cherche un « nouveau » mort ? Je ne voudrais pas vous déconcentrer dans votre travail ! C'était vrai que maintenant, elle se demandait bien si les impératifs de faucheur ne pouvaient pas être encore d'actualité. C'était étrange tout de même de ne trouver personne à guider alors que l'on avait été envoyé pour cela. Mais était-ce vraiment à elle de se préoccuper de cela. Pas vraiment. Riley savait ce qu'il faisait, elle ne devait essayer de se mettre à sa place.
- Et … sinon, vous vous êtes faits de bons amis ici ? Vous devez connaître pas mal de monde ? A coté de cela, la voisine que je salue de tant en tant est une maigre relation. Je dois dire que parfois, j'ai du mal à adresser la paroles aux habitants de Skyline. C'est bête mais, faire des connaissances dans le monde des morts me paraît des fois assez … étrange. Vivre après mourir, c'est en soi déjà assez étonnant. Je ne me serais jamais attendue à cela de mon vivant. Et voilà, Helen s'emballait et parlait … parlait. Mais ici, elle n'était pas à Skyline et cela lui semblait assez différent. Elle n'avait aucun mal à converser avec Riley.

[Les tiennes sont impeccables ! Rien à redire. Comme tu le dis, nous sommes juste toujours insatisfaites de nos réponses. Et aujourd'hui ne change pas vraiment, j'ai juste le mal de tête en plus ^^]

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« In the end it's worthwhile »

The world seems not the same, though I know nothing has changed. It's all my state of mind, I can't leave it all behind. I have to stand up to be stronger. I have to try to break free from the thoughts in my mind. Use the time that I have. Have to make it right. Have to fight, cause I know that the pain that I feel slowly fades away. It will be alright.

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Le jeune faucheur espérait vivement ne pas passer pour quelqu'un de totalement réticent à la conversation... Non, en fait, pas à la conversation, mais plutôt, peu enclin à parler de lui-même. Vu sa manière de se comporter à la seconde, de toute façon, il ne pouvait pas vraiment espérer que cela passe inaperçu. La jeune femme avait probablement déjà remarqué cette gène, persistante qui le caractérisait tant, dès qu'une question personnelle arrivait sur le tapis. Son passé représentait pour lui une telle honte, qu'il faisait généralement tout ce qu'il pouvait pour éviter de le révéler. Cela passait la plupart du temps, par le survol de sa réponse, jamais il ne s'appesantirait sur quelque chose le concernant, se contentant par la même occasion de ne révéler que le strict minimum. D'ailleurs, pourquoi avoir honte d'un crime qu'il n'avait pas commis ? Lui-même n'aurait su le dire. Les affres de sa cervelle dérangée n'y étaient sans doute pas pour rien. Après tout, il était lui aussi une victime, il aurait dû le crier haut et fort, le faire savoir au monde entier. Mais non, il n'en faisait rien, préférant cacher, qu'il avait croupi, durant une grande partie de sa vie en prison. Cela pouvait passer pour une sorte de déni, voilà certainement pourquoi il n'arrivait pas à avancer dans la vie, dans la mort... D'une certaine manière, il n'avait toujours pas fait le deuil de sa vie passée ; il gâchait la seconde chance qui lui était donnée au Skyline, ce qui était plutôt bête. A priori, il semblait juste un peu plus doué qu'Helen pour le dissimuler.
Contrairement au faucheur, Helen était arrivée depuis peu. Sept mois, ce n'était pas grand chose, surtout à l'échelle du Skyline. Le temps, ici bas devenait une notion quelque peu abstraite. Bien sûr, les secondes ; les minutes ; les heures ; les jours ; les mois ; les années, défilaient toujours, mais le ressenti par rapport à cela s'en trouvait changé. Cette course contre la montre, contre le temps... n'avait plus lieu d'être, puisque de toute façon vous disposiez de l'éternité pour vous réaliser, ou non d'ailleurs. Autre avantage et pas des moindres... votre apparence ne changeait plus, adieu signe du temps vous ruinant la vie, adieu crème anti-rides, botox et collagène. Ici, les laboratoires ne pouvaient plus se faire d'argent sur votre dos ! C'était plutôt plaisant, de ne pas se voir devenir un vieux pruneau desséché. Certes, cet avantage restait plutôt superficiel...
La brunette aborda ensuite un sujet qu'il connaissait plutôt bien... la solitude. Quel fléau. Bien qu'étant plutôt entouré, le jeune homme se sentait souvent... seul ! Plutôt étrange comme sensation. Il n'arrivait pas à déterminer ce que cela pouvait bien vouloir dire. Peut-être était-il fou, tout simplement.
Il fut reconnaissant envers la jeune femme et apprécia qu'elle n'insista pas sur le sujet qu'il abhorrait tant... le passé !
Malgré tout, la conversation était fort intéressante.

« Sept mois, c'est tout frais ! La première année est généralement un peu difficile et puis après, cela va tout seul... Vous avez raison, la solitude n'est pas vraiment pour arranger cette sensation de temps qui s'écoule au ralenti. » Il marqua un temps d'arrêt, avant de reprendre avec un sourire amusé. « En attendant de trouver un emploi, vous n'avez plus qu'à trouver une nouvelle « victime » qui se chargera d'égayer, malgré elle, votre quotidien ! Garder bien en tête, la technique, toute particulière du glissé à terre et posé de pantalon qui s'ensuit. Peut-être devriez-vous la faire breveter. Et puis, au pire des cas, cela vous permettra de vous entraîner au 500 mètres...» Un fou rire qu'il maîtrisa presque aussitôt, le gagna. Il espérait ne pas être trop "lourd", en remettant ce moment ô combien inoubliable sur le tapis. A présent sérieux, il répondit en secouant légèrement la tête, en signe de négation. « J'avoue ne plus vraiment avoir envie de chercher de nouvelles âmes, un autre faucheur se fera certainement la joie de s'occuper de celles-ci... Pour une fois que j'ai l'occasion de discuter avec quelqu'un en dehors du Skyline, je ne vais pas me priver. De toute façon, il n'y aura personne pour me remonter les bretelles... Alors autant en profiter, un peu, pas trop tout de même !»

Avait-il de bons amis au pays des morts ? A n'en pas douter, oui, même s'ils pouvaient se compter sur les doigts d'une seule et même main. La qualité était probablement préférable à la quantité. Son emploi de faucheur, lui permettait de faire énormément de rencontre, mais généralement cela n'allait pas plus loin que le simple stade de la discussion, visant à intégrer la personne fraîchement décédée, dans son nouveau monde. C'était sans doute mieux ainsi, mieux valait ne pas mélanger vie privée et vie professionnelle. Pourtant, s'il savait... il était loin de se douter de ce qui se passerait quelques années plus tard... La suite de la conversation l'amusa au plus haut point. En effet, les discussions, lors d'une première rencontre au Skyline pouvaient parfois se révéler être très... excentriques, anormales, voire insolites. Les questions habituelles comme « que faites-vous dans la vie ? Quel âge avez-vous ? » étaient le plus souvent remplacées par des questions ressemblant à « depuis combien de temps êtes vous mort ? Comment êtes vous arrivé ici... ». Ce qui pouvait en surprendre plus d'un.

« Comme tout un chacun, j'ai de très bons amis, bien qu'on puisse facilement les compter sur les doigts de la main. Vous avez raison, je connais beaucoup de monde ici, de par mon emploi et puis je fais parti des meubles maintenant, ça aide à s'intégrer et à avoir un certain nombre de connaissances. Je vois ce que vous voulez dire. Pas toujours facile d'aller vers les autres et d'engager une conversation « normale ». Les conversations sont un peu différentes dans ce monde ci, on se voit souvent poser des questions du style « comment êtes-vous mort ? »... on ne demanderait jamais « comment êtes-vous né ? » chez les vivants ! »... Je suis sûr et certain que vous connaissez d'autres personnes que votre voisine...»

Il commençait à s'emballer et s'embarquait dans une explication quelque peu foireuse. Pour tout dire, lui non plus ne ce serait jamais attendu à trouver quelque chose après la mort et encore moins quelque chose ressemblant à cela. Lui qui voulait fuir sa vie, reposer en paix... il était bien servi ici... non, pas franchement; s'il avait su ce qui l'attendait peut-être aurait-il pris un peu plus le temps de la réflexion avant d'effectuer ce geste fatal. Il opina du chef.

« Ah ça... c'est sur que personne, n'aurait pu l'imaginer... Peut-être que cela en aurait faire réfléchir plus d'un... » Il ne termina pas sa phrase, prenant conscience de son erreur. Qu'était-il en train de faire au juste ? Il commençait à raconter sa vie. Etait-il malade ? Pourquoi se laissait-il aller aux confidences ? Peut-être et tout simplement parce qu'il se sentait en confiance avec la jeune femme. Alors il pris son courage à deux mains et demanda.

« En parlant de questions saugrenues, j'ai manqué à mon devoir de parfait Skylinien. Comment se fait-il, qu'une personne aussi charmante que vous, soit ici ? Vous devriez croquer à pleines dents, la vie, la vraie à l'heure qu'il est et non vous trouver ici... » Un léger sourire s'afficha sur son visage. Il savait pertinemment que la question lui serait posée en retour. Etait-il vraiment prêt à répondre? Il n'en était pas sûr, mais il essaierait...

[Ta réponse était parfaite, comme toujours ne t'en fais pas ! Pfiouuu j'en ai sué pour sortir la mienne... deux jours de dur labeur... au final j'ai écris beaucoup plus que ce que je ne pensais, j'ai même plus le courage de relire... alors désolée par avance pour les cartons orthographiques et syntaxiques. Neutral

]

Ce n'était pourtant pas bien compliquer à compter. Sept mois. Ou tout juste le temps de voir défiler trois saisons, le temps de s'habituer à cette chance de vie après la mort. Bien sûr, c'était un chiffre moindre, une chose si récente que sur la Terre, sept mois de vie revenait à se nommer « bébé ». Elle faisait partie des nouveaux morts, ceux qui débarquaient tout juste et posaient à peine leur paquetage. Façon de parler … En réalité, elle était arrivée sans rien, juste ses souvenirs, son passé, ses joies et ses regrets. Tout cela la rendait humaine et pourtant, s'il avait fallu se débarrasser d'une chose, elle aurait sans doute choisi cela. Le poids d'un passé pesait parfois et regardant fugacement Riley, elle en fut convaincue. Chacun devait subir ses erreurs et l'omniprésence des souvenirs.
Certes, la jeune femme ne pouvait pas oublier le bonheur immense qu'elle avait ressenti, si peu de temps avant sa mort. Une chose qui l'obligeait à venir ici, dans ce quartier perdu. Elle aurait du pouvoir lui répondre au moins, lui dire ce qu'elle pensait de sa demande mais tout était resté mystérieux et maintenant, elle n'avait aucun moyen de communiquer avec lui. Alors oui, elle aurait pu faire appel à un médium mais, à quoi bon ? Caleb n'avait jamais été le genre de personne à croire au « surnaturel » comme on le nommait, avant de savoir que tout cela était bien réel. Il avait passé trop de temps enfermé pour prêter ne serait-ce qu'une minute d'attention à une personne qui se prétendait messagère des morts. Helen n'allait donc pas perdre de temps à essayer d'en contacter un et puis, les voyants ne se trouvaient pas à chaque coin de rue … pourquoi chercher ? Elle avait eu cette chance d'avoir une vie bien à elle, avec lui. Sa chance était passée, elle l'assumait mal mais pourquoi vouloir revenir en arrière ? Elle voulait juste ne pas se souvenir. Impossible. Et évidemment, ce n'était surtout pas en allant le voir que les choses iraient en s'amenuisant. La brune avait comme un deuil à faire. C'était une perte. Elle y arrivait mal mais, peut-être était-ce la même chose pour tout le monde ? Et puis, après tout, elle venait presque tout juste de saisir cette seconde chance, il lui faudrait du temps et, à défaut de faire ce deuil, peut-être saurait-elle mieux le dissimuler et l'oublier quelques fois, un peu comme Riley. Helen était presque certaine que l'homme à ses cotés n'avait pas complètement accepté ce qui lui était arrivé. Aussi dure qu'avait été sa vie, il semblait gêné de posséder un tel passé. Cela ne regardait absolument pas la jeune femme et pourtant il avait fallu qu'elle s'en fasse la remarque. Il n'arrivait pas à faire son deuil …
Helen passa sur le sujet, penser plus au passé risquait de débouler sur, soit une crise de larmes, soit une morosité difficilement dissimulée. Où en était-elle ? Au temps. Le temps passé ici. Il était moindre, même pas une année et malgré tout, il lui était venu l'idée que pour longtemps encore, le temps paraitrait long. Après tout, à ne plus subir les effets de la mortalité rendait plus imperméable au temps qui file. Certes la mort pouvait survenir, mais, elle ne faisait pas partie du processus. Elle n'était qu'une erreur, une fausse manipulation. Ils pouvaient être éternels comme éphémères. Tout dépendait de ce qui les attendait à Skyline. Et peut-être aussi, des relations que chacun possédait. Plus de personnes évoluaient près de soi et plus les occupations se faisaient multiples. Seul … le vide, la solitude, la lenteur. C'était un peu ça et comme elle l'était, le temps paraissait défiler à une lenteur extrême. Riley semblait d'ailleurs considéré la chose ainsi, également. Et c'est, sans s'y attendre le moins du monde qu'il reparla de leur rencontre plus qu'atypique. Inattendu et pourtant bienfaiteur, Helen eut tôt fait de montrer son hilarité. Il avait pour le moins des idées folles et bien amusantes. Faire breveter les circonstances de leur propre rencontre ?! Elle aurait pu en rire encore longtemps si une phrase n'avait pas voulu franchir la barrière de ses lèvres.
- Que croyez-vous ? J'y ai pensé, je voulais simplement tester mon idée d'abord. Merci bien, vous avez été la « victime » idéale ! Aussitôt sa phrase achevée, la jeune femme se surprit à rire de nouveau. Riley semblait avoir un effet bénéfique sur elle. La brune retrouvait une bonne humeur très appréciée.
Une chose la frappa tout à coup, contrairement à d'ordinaire, le temps semblait passer à une vitesse folle. Cela était assez contraire à ce qu'elle pensait plus tôt mais, il lui vint à l'esprit que le faucheur faisait sans doute parti de ses relations qui vous égayez une journée et qui permettait à l'éternité de paraître … moins longue ?
Au final, malgré ses réflexions sur le travail du faucheur et sur le fait qu'elle ne voulait pas l'empêcher d'exécuter ses tâches, Helen fut presque tenter d'espérer qu'il ne parte pas dans l'instant. Elle se sentait à l'aise avec Riley, certainement plus qu'avec cette voisine qu'elle saluait parfois. La jeune femme ne voulait pas avoir à retourner vers ses pensées et Skyline, pas tout de suite. Sa réponse la rassura un peu et soulagée d'un poids, elle soupira discrètement en fermant un instant les yeux. Elle était contente qu'il ne la laisse pas là pour travailler et qu'il ne semble pas dérangé de devoir lui faire la conversation. Il pouvait sans doute décompresser un peu lui aussi, se changer les idées.
Lorsque le sujet « amis et connaissances » fut engagé, Riley y répondit sans mal. Expliquant sans doute le fait qu'il connaisse pas mal de monde. Elle n'y avait pas pensée mais faucheur amenait à rencontre de nombreuses personne et en sa qualité de guide, cela devait arrivé qu'il discute et se lie avec certains plus qu'avec d'autres. Et comme il le disait lui-même, il résidait depuis plusieurs années à Skyline, cela aidait. Pourtant, Helen n'avait pas la sensation que sa mort remonte à si longtemps, certes le temps n'avait plus la même valeur ici mais, qu'il se sente comme « faisant parti des meubles » lui paraissait un peu étrange. S'il se sentait ainsi, qu'en était-il de leurs ancêtres, sans doute présents dans ces mêmes lieux ? Eux étaient … des antiquités !
Riley en vint aux discussions et il appuya Helen pour dire que cela pouvait être assez différent de celles que l'on engageait de son vivant. Il était vrai que jamais cela ne lui serait venue à l'idée de demander où était née la personne, ni même ce qu'elle faisait de son vivant. Pas que la question ne se pose pas mais simplement que cela ne lui aurait jamais effleuré l'esprit.
- C'est vrai que ce n'est pas vraiment les questions qui me viennent à l'esprit. C'est un peu comme changer de culture. Les façons de faire et de parler ne sont plus les mêmes … Presque. J'ai bien rencontré une jeune femme dans le tunnel, il y a peu mais en dehors … ma voisine est sans doute ma plus proche amie … affligeant. Helen secoua la tête comme pour chasser cette pensée trop réaliste. Le fait de n'avoir personne de particulièrement proche était loin de la chagriner mais ce constat lui rappela que les attaches de ce coté-ci du monde se faisaient rares, voire nulles. Elle aurait pu très bien disparaître à l'instant, personne ne le remarquerait. En fin de compte, peut-être aurait-elle du réfléchir mieux avant de décider de demeurer à Skyline. Comme le disait Riley à l'instant, personne n'aurait pu imaginer réellement ce qui se cachait derrière la mort. Cela s'appliquait-il à lui aussi ? Le faucheur avait paru faire également une petite référence à sa personne. S'il avait à refaire ce choix, ne ferait-il pas le même ? Comment était-il mort ? C'était bien sûr une question sans réponse et Helen n'avait pas vraiment envie de la poser. Il semblait réticent à l'idée de parler de sa vie, elle n'allait pas insister.
Riley ne tarda pas à reprendre la parole et le visage d'Helen passa par plusieurs stades. L'amusement, l'étonnement, la peur et plus présentement, la gêne. La question en soi n'avait rien d'horrible, tout était relatif. Comment s'était-elle retrouvée ici ? C'était bien vrai, personne encore ne lui avait posé la question et la réponse lui parut plus qu'évidente. Mais, comment dire que votre décès fait sans doute partie des morts les plus absurdes concernant une personne en bonne santé et en possession de tous ses moyens. La mort la plus banale et pourtant cela lui paraissait étonnant. Alors oui, peut-être n'était-elle pas un cas isolé, elle n'en demeurait pas moins gênée. Pour elle, cette mort rimait avec vieillesse, à tord. Helen décida cependant de ne pas éviter la question et d'y répondre le plus naturellement du monde. Cette gêne n'avait aucune raison d'être, ce n'était pas une tare. La mort était juste survenue inopinément et brutalement.
- Vous aussi, vous devriez profiter de la vie et ne pas être là. Malheureusement, on ne peut retourner en arrière et je crois bien que, même en le faisant … mon état ne changerait pas. J'ai disons, la mort la plus banale qui soit … du jour au lendemain, le coeur a lâché. Comme dirait le médecin légiste, j'ai souffert d'ischémie suffisamment longtemps pour y laisser ma vie. Banal quoi … Le tout ponctué d'un haussement d'épaule, comme une évidence, la jeune femme ne s'était pas départie de son sourire et avait réussi à faire percer dans sa voix, un brin de « banalité » justement. Comme si le sujet évoqué ne la touchait pas plus que s'il était question du temps !
- Et … et vous ? Quelle est la cause de votre présence à Skyline ? Elle ne voulait pas être indiscrète, pas plus que lui ne l'avait été mais cette question paraissait presque normale. La brune s'empressa pourtant de rajouter dans un petit sourire gêné :
- Ne vous sentez pas obligé de répondre …

[je suis en retard, complètement en retard ... impardonnable, je poste enfin. Je manquais cruellement d'inspiration pour à peu près tout ces temps-ci. Mea culpa. Ta réponse à toi était parfaite et loin de posséder les cartons orthographiques et syntaxiques que tu crains tant ! Ma réponse est pas mal longue également. Aucune relecture non plus, je balance mon premier jet, j'espère que tout sera compréhensible. flemmingite ? Il me semble avoir fait attention ... ><]

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« In the end it's worthwhile »

The world seems not the same, though I know nothing has changed. It's all my state of mind, I can't leave it all behind. I have to stand up to be stronger. I have to try to break free from the thoughts in my mind. Use the time that I have. Have to make it right. Have to fight, cause I know that the pain that I feel slowly fades away. It will be alright.

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Passer d'un sujet à l'autre, aussi linéairement, aussi facilement, comme si Helen était une amie de longue date, voilà qui était bien peu commun. Il est de ces personnes, qui inspirent immédiatement confiance, la jeune femme entrait dans cette catégorie. Le genre de personne également, à qui l'on donnerait le bon dieu sans confessions. Évidement, le trop de confiance attire le danger. Conscient de cette réalité, le jeune faucheur, ne révélerait rien le concernant, qui serait susceptible de lui être préjudiciable. Parler de lui n'était après tout, pas dans ses habitudes et encore moins lorsque son interlocutrice était presque une inconnue. Enfin, pour une inconnue, elle s'était permis quelques libertés ou fantaisies, bien que ne l'ayant pas fait de son plein gré... Le stade de la parfaite inconnue était donc dores et déjà dépassé.

Riley évoqua d'ailleurs sur le ton de la plaisanterie, que la demoiselle devrait faire breveter les circonstances de leur rencontre. Chose totalement folle et tirée par les cheveux à bien y songer, d'où sortait-il de pareilles idées ? Cela ne devait pas tourner bien rond dans sa tête pour oser sortir une ânerie aussi grosse que lui. Toutefois, Helen, répondit par un trait d'humour à la plaisanterie du faucheur. Il n'y en avait pas un pour rattraper l'autre. Elle le traita même de « victime idéale ». Au moins pouvait-il se vanter, d'avoir été utile durant cette journée peu productive.
La jeune femme était dotée d'un certain sens de l'humour, chose plutôt appréciable. Celui du faucheur ne faisait pas forcément l'unanimité, peu de gens comprenaient ses jeux de mots et autres boutades parfois un peu exubérantes. Helen était plutôt bon publique.
Son interlocutrice se mis à rire, son visage s'illumina, s'était plaisant de voir quelqu'un rayonner autant. D'un air entendu, le faucheur secoua la tête, comme pour acquiescer une parole, qui ne fut pourtant pas prononcée. Un immense sourire vint accompagner ce geste.

« Petite maligne. Et bien de rien, vous m'en voyez ravi. Avoir été le cobaye d'une expérience aussi... enrichissante, ce n'est pas donné à tout le monde. Je vais m'estimer heureux. »

Comme à sa grande habitude, il racontait n'importe quoi. La jeune femme allait finir par penser que soit il était totalement fou, soit il était ivre. Mais non, rien de tout cela. Son comportement était des plus « normaux ». Autant il pouvait se montrer vraiment très sérieux, comme il pouvait se comporter comme un enfant de 5 ans.
Un sujet un peu plus sérieux arriva inopinément dans la conversation, celui des premières questions posées lors d'une rencontre entre habitants du Skyline. Helen avait totalement raison, c'était un peu comme changer de culture, comme s'ils étaient allés vivre au beau milieu des inuits ; devant apprendre par la même occasion de nouveaux codes, changer leur façon de penser ou bien même d'agir. Quoi que l'on puisse penser, cela n'avait rien de facile. Le processus d'adaptation était plutôt long et fastidieux, pourquoi ? Ça le faucheur n'aurait sur le déterminer.

« C'est le moins que l'on puisse dire, ce genre de questions ne viendrait à l'esprit de personne, dans le monde des vivants. L'arrivée au Skyline est un véritable bouleversement, une sorte de choc des cultures, oui c'est ça, c'est comme changer totalement de civilisation... »

Le restant de la phrase de la brunette, le laissa sans voix. Comment une personne aussi adorable et gentille qu'elle puisse en être réduite à avoir aussi peu de connaissances ou d'ami(e)s ? C'était tout bonnement impensable pour le Canadien, il fallait remédier à cette solitude et bien plus vite que ça. D'accord elle était là depuis peu, mais tout de même, avoir pour seul lien social une voisine à laquelle on adresse pas vraiment la parole, à de quoi rendre morose n'importe quel être humain. Il lui lança un regard sans doute un peu trop hébété, n'en revenant toujours pas.

« Vous vous moquez de moi là j'espère ? Comment se fait-il qu'une personne comme vous, soit aussi désespérément seule, ce n'est pas permis... Je ne juge en rien la situation, mais permettez moi de dire que c'est plutôt triste. Est-ce que je peux vous proposer de faire en sorte de changer la donne ? »

Il ne s'agissait aucunement d'une méthode de drague déguisée - bien que la jeune femme soit vraiment très jolie - pas plus que de pitié, il avait juste envie de pousser la brunette à sortir de sa tanière. Cela n'avait jamais tué personne après tout. Enfin façon de parler. Sans savoir vraiment pourquoi, Riley vit sa curiosité piqué au vif, il avait envie d'en apprendre plus sur son interlocutrice. Voilà pourquoi premièrement il lui proposa d'égayer ne serait-ce qu'un peu son quotidien en la faisant sortir et pourquoi pas l'intégrer à son cercle d'ami(e)s et deuxièmement, il lui posa une question sur la raison de son décès.
Banale... aucune mort n'est banale, ce n'est pas un état anodin, puisque cela est censé marquer la fin d'un cycle... Enfin censé... parce que ça ne l'était pas franchement dans la réalité, la preuve avec le Skyline. Décidément, Helen avait vraiment le don de se dénigrer et ce dans tous les domaines.

« La mort de quelque manière qu'elle soit ou qu'elle fut, n'a rien de banale, enfin c'est là mon point de vue. C'est assez triste que de nos jours et vu les progrès en matière de médecine, votre faiblesse au niveau du cœur n'ait pas été détectée plus tôt... »

Comme il l'avait craint, la question lui fut retournée, à la manière du boomerang revenant à son lanceur. Helen semblait toutefois gênée par sa propre demande, s'excusant presque instantanément à la seconde où, le dernier mot franchi la barrière de ses lèvres. Ce que Riley trouva vraiment adorable. Alors il pris son courage à deux mains et se lança, tel un naufragé luttant pour ne pas périr en pleine mer. Ne sachant trop comment aborder le sujet de sa propre mort, il débuta par :

« La raison de ma venue à Skyline n'est pas franchement plus originale que la votre... » Il marqua un temps d'arrêt « … un suicide, ni plus ni moins, rien de glorieux... pas de mort lors de l'exercice de mes fonctions, pas de funérailles nationales... rien de tout ça. De la morphine et le tour était joué. »

De la même façon que la brunette l'avait fait quelques instants plus tôt, il ponctua la fin de sa phrase par un haussement d'épaule, souriant toujours. Peut-être était-ce là un moyen de se donner une sorte de contenance, signifiant par la même occasion que ce n'était pas grave et qu'il s'en était remis... de sa mort oui, mais du reste, non ! Aussi souhaita-t-il ardemment qu'elle ne lui demanda pas la raison de son suicide. Qu'aurait-il alors répondu ? Un mensonge, comme chagrin d'amour ? Ou bien la vérité ? Il verrait le moment venu...