Une sensation de brûlure l'envahit, alors qu'elle engloutissait presque cul sec son énième verre de Gin Tonic. Cette sensation l'apaisait elle, ainsi que ses démons. Rien de tel que de se mouvoir dans ce nuage nébuleux pour faire le vide. Le vide, une chose à laquelle elle aspirait mais n'était encore pas parvenue. Triste vie ! Pourtant ce n'était pas faute d'avoir essayé. Essayé, encore et encore, jusqu'à plus soif; jusqu'à perdre pied; jusqu'à perdre connaissance.
Juliet Lester du haut de ses 25 ans, était une jeune fille somme toute normale, du moins en apparence. En s'approchant un peu on pouvait remarquer qu'elle était affalé sur un tabouret, devant un bar, une quantité astronomique de cadavres de verres lui faisaient face. Ce qui était loin d'être normal ou banal. Jusqu'à ce jour fatidique de 2009, c'était pourtant une étudiante presque comme toutes les autres, sortant souvent, ayant une vie sociale riche; un avenir prometteur en temps que psychologue si tant est qu'elle est décroché ce foutu diplôme. Depuis, elle avait basculé du côté des ténèbres. Elle, la fille sans histoires avait été la cible d'un dangereux psychopathe, qui l'avait tout d'abord traquée sur internet puis était venu l'attendre gentiment devant chez son amie Trina, un soir de Janvier. Pourquoi elle ? Pourquoi pas une autre ? Qu'avait-elle fait pour mériter ça ? A ses dépens elle avait apprit bien amèrement que, derrière un clavier et un écran on pouvait se faire passer pour n'importe qui. Aubéron, roi des elfes, roi des malades mentaux à vrai dire. Bien qu'ayant été sauvée de justesse, elle était morte ce soir-là. La terreur, qu'elle avait éprouvée alors qu'elle tentait de ramper comme elle le pouvait vers ce qui lui semblait être une sortie, lui revint en mémoire. Alors qu'elle vidait un autre verre d'un trait, le barman agita une bouteille d'un alcool sans doute, elle n'avait plus l'esprit très clair, elle n'arriva pas à déterminer de quoi il s'agissait. Par contre le bruit du liquide frappant les parois de la bouteille lui rappelèrent ce qu'elle avait entendu, alors que cet Aubéron agitait une bouteille de chloroforme dans son dos. Les ténèbres s'emparèrent à nouveau d'elle. Sans cesse, elle revivait ces scènes avec une précision extrême. Ce qu'on appelait stress post-traumatique, elle n'avait jamais réussi à s'en défaire. Reprenant pied petit à petit, elle eut une pensée pour son ami Josh, le seul qui ai vraiment compris ce qu'elle vivait. A sa pensée, elle eut soudainement honte de ce qu'elle était en train de faire. Boire n'avait jamais aidé personne, surtout pas dans cette quantité affolante. A l'annonce de son agression, ses parents n'avaient même pas daigné revenir à Portland dans la maison familiale, prétextant qu'en temps qu'étudiante en psychologie, elle saurait faire face à la situation. Bien sûr, la belle affaire ! Quelle foutaise... D'un geste rageur elle envoya valser son poing dans le comptoir. Le barman était habitué à ses frasques, la laissant boire sans jamais rien lui demander.
Bouger, il fallait qu'elle bouge. Juliet jeta un regard dans le fond de la salle. Des formes étranges dansaient devant ses prunelles, elle crut apercevoir ce qui ressemblait à deux gros pleins de soupes en train de jouer au billard. Parfait, montrons leur de quoi nous sommes capable, pensa-t-elle. Elle alluma une cigarette, aspira une longue bouffée de nicotine qu'elle recracha en volutes avant de descendre de son tabouret. N'étant plus vraiment maître des ses mouvements elle tituba tant bien que mal jusqu'au billard. Il y avait beaucoup de monde ce soir-là, une petite bousculade eut lieu. Quelqu'un poussa malencontreusement la jeune femme. Sa cigarette lui échappa des mains et se retrouva projetée sur son bras. Un cri de douleur lui échappa. Elle n'aimait pas les gens, du moins ne les aimaient plus, la foule lui faisait peur, mais pas quand elle se trouvait dans un état d'ébriété avancé. Elle scruta d'un air furieux la personne qui avait osé la bousculer sans faire exprès. Il devait s'agir de cette fille qui était juste devant elle. Une blondinette qui ne perdait rien pour attendre. Si ce n'était pas elle après tout tant pis, elle payerait pour l'autre. Un flot de paroles fusa de la bouche de Juliet.

" Mais c'est pas possible d'être aussi bête. Est-ce qu'on a oublié de te donner un cerveau à la naissance ? Tu ne pouvais pas faire attention. Je viens de me brûler à cause de toi. "

Sans vraiment attendre de réponse de la part de la personne elle continua son chemin jusqu'au billard.

Après cette petite altercation, Juliet avait continué son chemin - ne prenant même pas la peine d'écouter les excuses prononcées à son encontre; comme si de rien n'était, comme si insulter quelqu'un en public, était la chose la plus naturelle du monde. De son vivant et avant son agression, la jeune femme ne se serait jamais conduit de la sorte, à l'époque elle était respectueuse de son prochain, ce qui n'était plus vraiment le cas aujourd'hui. Elle en voulait, pour ainsi dire, à la terre entière depuis ce fameux soir. Se dirigeant manu militari vers le billard, elle fut stoppée net dans son élan. Quelqu'un la retenait par le bras. Ni une ni deux, elle fit volte face et put apercevoir avec désenchantement qu'il s'agissait de la même fille qui était à l'origine de sa brûlure.
Folle... sans aucun doute, elle était un peu, voire beaucoup. Qui aurait pu l'en blâmer après tout ? Personne ne pouvait comprendre ce qu'elle avait enduré et personne ne comprendrait jamais. Du moins personne ne prenait le temps de comprendre. Alors qu'elle était au plus mal, ni ses parents, ni ses ami(e)s n'avaient jugé bon de voler à son secours. Le mal était fait, mais continuait tout de même à la ronger. A présent, elle nourrissait une haine et une rancune sans merci envers la race humaine. Elle vomissait sur la nature humaine et abhorrait tout ce que pouvait représenter l'Humain. L'Homme, était pour elle l'être le plus vil que la terre ait pu porter en son sein.
Son problème ? Pour le moment, c'est qu'une sangsue était agrippée à son bras. Bourrée, oui elle l'était sans doute un peu aussi. Mais elle connaissait maintenant ses limites, elle savait que quoi qu'il se passe elle terminerait la soirée debout. Jamais plus elle ne boirait jusqu'au coma éthylique. C'était la chose la plus stupide qu'elle ait fait de toute sa vie. Que comptait-elle faire ? Si elle savait, la pauvre serait partie en courant. Après son agression, Juliet s'était inscrite à des cours de self défense, au cas où ce malade mental, bien qu'il fut mort sous ses yeux, ne sois revenu pour la kidnapper à nouveau. Dès lors, elle ne s'était plus gêné pour mettre en pratique ce qu'elle avait appris. Mais ça, c'était avant la chute finale, avant qu'elle ne se terre dans sa chambre, n'en sortant plus qu'en cas de besoin extrême. Depuis, elle vivait dans la hantise permanente. Hantise qu'IL revienne. Cette peur était tapie au plus profond d'elle-même, guettant le moindre petit instant de faiblesse pour refaire surface. Depuis sa mort, les visions avaient disparues, c'était au moins ça, mais la paranoïa elle était toujours présente. L'alcool aidant, une petite voie lui susurra que cette jeune femme lui en voulait; et l'avait brûler juste dans le but de l'entendre crier. C'était faux bien entendu, mais Juliet en était persuadée. Elle devait se faire soigner, elle en avait tout à fait conscience, mais refusait de devenir le cobaye de n'importe quel psychiatre.
Forte de sa pratique, elle regarda celle qui se tenait à côté d'elle. Avec un sourire carnassier elle ajouta.

" Oh que si je vais terminer ma soirée, toi par contre ... "

Encore une fois elle ne prit pas la peine de terminer sa phrase, ni de prévenir la blondinette. Rapide comme l'éclair, elle réussit à faire pivoter Cassie et lui bloqua le bras dans le dos. Dans cette position, la jeune femme était à la merci de Juliet, cette dernière pouvait l’emmener où bon lui semblait. Chose qui ne l'amusait absolument pas. Voulant seulement lui faire peur, elle la mit en garde.

" La prochaine fois, assures-toi que la personne à laquelle tu t'attaques ne sait pas se défendre. "

Sans plus attendre, elle la relâcha en la poussant loin devant elle, ne s'intéressant déjà plus à elle. Pourquoi faisait-elle tout cela ? Pourquoi se comportait-elle de la sorte ? Après tout, la blonde c'était excusée. Mais cela n'était pas suffisant pour Juliet. Elle atteignit enfin le billard, et s'installa contre ce dernier. Consciente qu'ici, elle gênerait le bon déroulement de la partie en cours. Une sale conne, voilà ce qu'elle était. Elle grilla sans plus attendre une nouvelle cigarette.

La nicotine s'engouffra dans ses poumons, à la vitesse de la marée qui emporte tout sur son passage. Puis, elle recracha le nuage de fumée en direction du type situé sur sa droite, histoire de l'incommoder encore un peu plus. Se tenir contre le billard et donc gêner le jeu ne lui suffisait pas. D'où elle se trouvait, elle empêchait les deux pauvres types n'ayant rien demandé de tirer correctement, d'un certain angle, dans les boules se trouvant sur le tapis vert. D'ailleurs, celui de droite toussa et râta son coup, le pauvre tapis en pris pour son grade. Ce qui arracha un sourire à Juliet. Le coup de la fumée dans les yeux, un coup infaillible. Personne n'osait plus rien lui dire, redoutant trop ses réactions totalement démesurées, elle pouvait donc à loisir embêter qui elle voulait.
Oui, mais voilà ce soir c'était différent, pour preuve elle eut tôt fait de se retrouver la tête collée contre la bordure du billard, perdant une nouvelle fois sa cigarette, des étoiles dansèrent devant ses yeux durant quelques instants, sans doute l'effet de tout l'alcool qu'elle avait ingurgité en début de soirée. La blondinette était revenue à la charge, Juliet ne pouvait qu'admirer son courage. Ce coup-là, elle ne l'avait pas vu venir, bien que Cassie l'ait plus ou moins prévenue en disant qu'elle l'accusait de l'avoir agressé alors qu'elle n'avait encore rien fait. Encore rien fait, voilà qui aurait dû lui mettre la puce à l'oreille. Elle lâcha un "hon" de surprise. On la retenait par les cheveux, la tête plaquée contre ce foutu billard. Celle qui avait osé faire cet affront allait le payer très cher. A la hâte, elle chercha le bras qui la retenait prisonnière, dans cette position tout à fait inconfortable. Elle le trouva sans trop de mal, étant plutôt souple. Sa main se referma sur celui-ci, d'un geste assuré et en s'aidant de son dos elle tira de toutes ses forces sur le bras de la pauvre Cassie et la fit ainsi basculer vers l'avant. Celle-ci s'écrasa de tout son poids, face la première contre le tapis, éjectant au passage quelques boules. Le moins que la blondinette puisse dire c'est qu'elle avait trouvé une "adversaire" à sa taille.

" J'en redemanderai presque, mais je ne suis pas sûre que tu apprécies vraiment ! J'ai vu... mais tu n'as pas mieux en stock ? "

La petite voix s'éleva à nouveau de nul part et résonna dans sa tête, cognant de plus belle. Elle se prit la tête entre les deux mains. La voix lui intimait de déguerpir en courant, que cette fille avait été envoyée par LUI. Retenant un hurlement de terreur, elle tenta de se raisonner et de faire taire cette saleté de voix qui lui vrillait à présent la tympans. Soudainement, elle sentit que la foule était plus dense, se resserant autour d'elle - comme des griffes acérées - sans doute alertée par ce qui était en train de se passer ici même. Elle se retourna sur elle-même et crut suffoquer en voyant tous ces visages amassés là, à regarder bêtement ce qui se tramait. Dans son délire paranoïaque, tous ces gens se moquaient d'elle, dévoilant au passage leurs immenses dents. S'en fut trop pour la belle. Le cri qu'elle contenait jusque là lui échappa, elle se retrouva courbée en deux, hurlant, sans pouvoir s'arrêter.
Sortir, il fallait qu'elle sorte de cet endroit glauque, pour se calmer... Non, il lui fallait un autre verre...

Cette voix, cette satanée voix ne se taisait jamais. Elle n'avait de cesse de la déranger, toujours au moment le plus importun. Un traitement, il lui aurait fallu un traitement pour faire taire cette voix. Dans ces rares moments de lucidité, elle s'en rendait tout à fait compte, elle savait qu'elle avait un gros problème d'addiction, mais aussi une sérieuse maladie mentale. Quelque chose qui pouvait sans doute s'apparenter à de la schizophrénie. Mais voilà, les moments de lucidité se faisant de plus en plus rares, il lui était donc presque impossible de se rendre chez un médecin. Lors de ces crises de paranoïa ou lorsqu'elle était en état d'ébriété, une seule chose importait, se venger, se venger et se venger encore ! Malheureusement pour elle, et fort heureusement pour les gens se trouvant là au même moment, son envie de vengeance était la plupart du temps stoppée nette. Son ochlophobie ayant tendance à reprendre le dessus lorsqu'elle se trouvait dans un endroit où la foule était nombreuse. Contrairement à l'agoraphobie, l'ochlophobie elle est juste une peur irraisonnée de la foule. Un amas de personne s'étant formé autour du billard, elle se sentit suffoquer au moment même où elle s'en rendit compte. Son rythme cardiaque s'accéléra soudainement, elle sentit que son coeur cognait plus vite dans sa poitrine. Son champ de vision s'était rétréci, elle ne distinguait plus grand chose autour d'elle. L'alcool y était pour beaucoup, mais pas seulement. Elle avait peur, le genre de peur qui vous prend aux tripes et qu'il est très difficile de contrôler, surtout dans un pareil état. Elle s'était mise à hurler, ne contrôlant plus rien du tout. Elle venait de perdre pied, se retrouvant dans une toute autre réalité. Réalité faite de noirceur, de hurlements, et de litanies incompréhensibles.
Deux bras bienveillants vinrent la redresser. Durant quelques instants, elle tenta de se débattre, mais c'était peine perdue, on la retenait trop bien pour qu'elle puisse faire quoi que ce soit. Alors elle se calma, tentant de retrouver une respiration correcte et normale. Au moment où elle pensait qu'il fallait qu'elle sorte, l'air frais de l’extérieur vint lui lécher le visage. On venait de la transporter jusque dehors. On la reposa par terre, en s'assurant qu'elle tienne sur ses deux jambes, ce qui n'était pas gagné à première vue.
Sa vue revint petit à petit, elle se retrouva avec étonnement devant la blondinette qu'elle avait envoyé valdinguer quelques instants plus tôt sur le billard. Sur le qui vive, elle se demanda ce que pouvait bien faire cette fille ici, en face d'elle. Voulait-elle une explication sur son comportement de tout à l'heure ? Voulait-elle se battre ?
Juliet n'était plus vraiment en état de se défendre, ni de riposter quoi que ce soit, elle tentait de reprendre sa respiration, pour le moment c'était tout ce qui lui importait. Une voix s'éleva alors, c'était la jeune femme qui lui parlait. Surprise par les questions, Juliet ne su trop quoi répondre dans un premier temps.
La nausée la gagnait, elle aspira une grande bouffée d'air.

" Qu'est ce que ça peux te faire après tout, le fait que j'ai des problèmes ou pas ? "

Personne hormis son ami Josh ne lui avait jamais posé ce genre de questions. Elle ne voyait pas le fait de déballer sa vie à une parfaite inconnue d'un très bon oeil. Malgré tout, elle n'avait pas employé le ton hargneux qui la caractérisait tant, c'était une simple question. La lucidité revenait à présent, mais pour combien de temps ?

" Je ne suis pas très bien, c'est le moins qu'on puisse dire. "

Elle eut un haut le coeur qu'elle réussit à contenir. Scrutant la jeune femme, elle se demandait quelles pouvaient être ses réelles intentions.

" J'ai sans doute un peu trop abusé ce soir... et la foule ce n'est pas vraiment mon truc... " elle ajouta presque malgré elle " Du moins ça ne l'est plus ! "

Cette jeune femme était plutôt intriguante, apparemment elle ne tenait pas cure du comportement de Juliet. Celle-ci se risqua donc à savoir pourquoi.

" Pourquoi tu me poses toutes ces questions ? Alors que je me suis comportée comme une garce avec toi. "

L'air frais sembla apaiser Juliet Lester, cela allait-il durer? Ses idées se firent un peu plus claires. Pourquoi avait-elle bu autant ? Très bonne question. Pour faire taire cette voix, probablement. Mais peut-être était-ce l'alcool dans le fond, qui déclenchait cette voix, elle n'était plus sûre de rien à présent. Comment était-il possible qu'elle en soit arrivé là? Comment était il possible qu'elle soit descendue si bas? Elle n'était plus qu'une loque humaine; n'osant même plus affronter son reflet dans le miroir, ayant trop honte et trop peur à la fois, de ce qu'elle y découvrirait. Pourtant, après son agression elle avait eu la volonté nécessaire pour s'en sortir, que lui était-il arrivé entre temps? C'était trop injuste. A ce moment précis, elle eut une impression flagrante d'être une sorte de damnée, ou plutôt une personne étant condamnée au malheur; n'ayant pas le droit de vivre de bonnes choses. Bien sûr ce n'était pas vrai, avec l'aide nécessaire elle aurait pu se tirer du mauvais pas où elle se trouvait; mais il était sans doute plus simple de s’apitoyer sur son sort que d'agir. Là se trouvait toute la contradiction.
Ce fut avec stupéfaction qu'elle écouta ce qu'avait à lui dire la jeune femme, qui l'avait accompagnée jusqu'à l'extérieur de l'établissement. C'était bien la première fois que l'on s'intéressait à elle, à son comportement. Enfin, non, pour être exact c'était la seconde fois. C'était une chose plutôt rare, la jeune femme devait reconnaître que ce n'était pas désagréable. Tentant encore de contrôler la nausée qui se faisait de plus en plus grande, elle répondit en hoquetant.

" Pourquoi j'ai bu... hup... autant ? Parce que... parce que, l'alcool est mon remède. C'est l'aspirine de l'âme... hup. "
Elle souffla profondément avant de reprendre. " Je suis seule... qui voudrait d'une loque comme moi? " Un pâle sourire s'afficha sur son visage. Aubéron sans doute, cette réflexion eut pour effet de la faire vaciller. Elle se rattrapa au mur se trouvant juste derrière elle. Scène pathétique. " Personne ne me raccompagne, hup... " Son regard s’agrandit soudainement, on pouvait clairement y lire toute la terreur que la jeune femme pouvait garder en elle. " Si quelqu'un est contre moi... du moins était contre moi. C'est ça qui m'a fait perdre les pédales. "

Grande première pour elle, avouer que c'était véritablement ce psychopathe qui était à l'origine de sa maladie.

" Non, je ne connais pas les proprios, je connais seulement deux, trois types dans ce bar... Par contre pas mal de monde me connait. "

Il n'y avait pas de quoi être fière, ici elle était connue comme le loup blanc, ses frasques innombrables à présent étaient loin d'être passées inaperçues. Comme celle de ce soir d'ailleurs. Malgré tout le remue ménage qu'elle avait pu provoquer jusqu'à présent, il n'y avait jamais eu de casse à proprement parler. Heureusement pour elle, toutes ses maigres économies seraient alors passées dans la réparation de ses bêtises.
Un petit sourire vint se figer sur les lèvres de Juliet.

" On peux dire que t'es une personne étrange... tu préfères écouter une pauvre fille comme moi, plutôt que de t'amuser dans ce b... "

Elle n'eut pas le temps de terminer sa phrase, la nausée qui la guettait depuis tout à l'heure se fit plus intense, un haut le coeur lui souleva les tripes. Elle eut juste le temps de se courber en deux pour vomir par terre. Vraiment pathétique. Elle vomit plusieurs fois, c'était un appel de son propre corps, qui lui disait ainsi, stop tu as assez abusé ce soir. Par chance elle avait réussi à ne pas s'en mettre plein les cheveux. Elle se redressa avant d'ajouter à l'intention de Cassie.

" Je suis désolée de t'avoir infligé ça... Je crois que tu ferais mieux de me laisser là toute seule. "