En un sens cette femme avait raison, boire n'arrangerait en rien son passé, son présent et encore moins son futur. Entendre de la bouche d'une parfaite inconnue ce genre de réflexion lui fit mal, bien plus mal qu'elle ne l'aurait certainement souhaité. Après tout, la vérité écorche parfois plus que le mensonge. Elle devait se rendre à l'évidence, ce n'était pas ainsi que sa maladie la quitterait, en somme cela ne faisait que l'accentuer chaque jour un peu plus. Plus elle buvait, plus elle s'éloignait de la société, et plus elle s'éloignait de la société moins elle avait envie de se bouger pour se sortir de l'état où elle se complaisait. Un véritable cercle vicieux à bien y réfléchir. Sachant que la chose qu'elle voulait plus que tout occulter était ce malade mental qui l'avait agressé, le fait de le savoir mort et donc rodant à Skyline n'était pas pour la rassurer. Elle savait pertinemment qu'un jour elle serait amenée à le rencontrer à nouveau. Souvent, elle imaginait la scène, dans ses pensées les plus folles elle lui faisait subir les pires sévices, histoire d'exorciser ses démons; et ainsi boucler la boucle.

" J'espère bien que la chose, ou plutôt la personne que je cherche à fuir, ne reviendra pas me hanter de sitôt. "

Ce qu'elle disait était plutôt évasif, mais elle ne tenait pas vraiment à rentrer dans les détails, du moins pas pour le moment, peut-être plus tard, qui sait. Un frisson la parcourut. Rien que d'imaginer se retrouver face à face avec cet individu la mettait mal à l'aise. Elle n'avait pas oublié ce qu'il s'était passé, et n'était pas prête d'oublier.

" Cette personne n'est pas vivante, elle a été abattue juste devant mes yeux. " Le bruit qu'avait provoqué la déflagration de la balle quittant le barillet du pistolet se rappela soudainement à son bon souvenir. Elle ferma les yeux quelques instants, le temps que le bruit veuille bien quitter son esprit, puis reprit d'une voix tremblante. " Donc, logiquement elle doit elle aussi être ici. Ce qui n'est pas fait pour m'inciter à aller mieux vu le genre d'individu... C'est incompréhensible ce que je raconte là. Pourquoi je l'ai laissé gagner ? ... Parce que je n'ai pas pu faire autrement. A l'époque je ne savais pas me défendre, et puis qui aurait pu faire quoi que ce soit en se retrouvant bâillonné, ligoté... "

Sa phrase resta en suspend, plus aucun son ne voulut sortir de la bouche de Juliet. Peu de temps après, la nausée la prit et elle se retrouva à vomir sur la chaussée. Quelle drôle d'impression devait-elle donner, en ce moment même, à son interlocutrice ?
Une fois les vomissements passés, elle put se redresser et reprendre le cours de la conversation, comme s'il ne s'était rien passé.

" Ouais, pas terrible en effet. D'abord je t'agresses, et ensuite je manque presque de te vomir dessus. Tu as vu juste, je me fais souvent remarquer, pourtant ce n'est pas ce dont j'ai envie... Mais l'appel de la bouteille est trop fort, et puis cette voix dans ma tête, cette putain de voix elle ne veux jamais se taire. "

Sans doute n'aurait-elle pas du prononcer cette phrase. Le regrettant aussitôt, elle se mordit la lèvre.

" Je m'appelle Juliet. Et toi ? ... " Elle marqua un temps d'arrêt, c'était plutôt tentant de se faire raccompagner, au moins elle était sûre de rentrer en un seul morceau avec cette blondinette, mais d'un côté, la voix lui disait de se méfier. Elle ne voulait pas cela recommence, une nouvelle crise la laisserait certainement sur le carreau ce soir, alors autant rentrer vite fait, bien fait. " Je veux bien oui... Tu t'apprêtes à faire ta B.A de l'année. "

C'était sorti tout seul, sur un ton un peu ironique. Raccompagner une alcoolique complètement ivre et de surcroît folle, chez elle, n'était sans doute pas la bonne action de l'année, ni du siècle d'ailleurs. Au moins, la blondinette avait du mérite. Juliet n'avait jamais cru à toute ces conneries d'ange placés sur votre route pour vous aider, vous aiguiller... peut-être allait elle revoir son jugement sur la question. Si elle voulait pouvoir être raccompagné, peut-être devrait elle donner son adresse. Ou au moins indiquer son quartier.

" J'habite sur Big Bang boulevard au fait. "

Juliet Lester était parfaitement consciente de l'état, tout à fait déplorable, dans lequel elle se trouvait en ce moment. De l'état déplorable dans lequel elle se trouvait chaque jour pour être exact. L'alcool l'aidait durant un temps à panser ses blessures psychologiques, puis arrivait le douloureux moment de dégrisement, et là c'était la chute brutale; le retour à la réalité était chaque jour un peu plus marquant, un peu plus noir; un peu plus lancinant. Combien de temps encore, ce petit cinéma allait-il durer ?
Une fois de plus, la blondinette émit une vérité plus qu'accablante. L'Américaine ne pouvait tout simplement pas continuer sur cette lancée, indéniablement cela la conduirait une fois de plus à sa propre perte.

" Je vois dans quel état je suis... le plus flippant, c'est que ce soir, ce n'est encore rien, comparé à d'autres soirs. Au moins, je tiens encore debout. "

Un haussement d'épaules accompagna la fin de la phrase suivante de Cassie. En quelque sorte, Juliet avait déposé les armes depuis belle lurette. Elle avait cessé de se battre contre ce qui lui faisait peur, maintenant elle se battait contre elle-même, combat perdu d'avance. L'auto-destruction était le seul moyen qu'elle avait trouvé pour affronter tout cela.

" Parce que c'est un psychopathe tout simplement, et que les psychopathes mettent la plupart du temps leurs fantasmes à exécution... Là en l’occurrence c'est buter des pauvres innocentes. "

Ce qu'elle venait de dire était sans doute un peu cru, mais elle n'avait pas peur des mots. Voilà peut-être bien la seule chose dont elle n'ait pas peur. La façon dont elle était morte était plutôt honteuse. L'auto-médication par l'alcool n'était pas le meilleur des remèdes, c'était certain. La crise d'hallucination qui l'avait poussée à se défoncer plus que d'habitude, le jour de son anniversaire, était à noter dans les annales. Même une personne sous LSD n'aurait pas vu ce qu'elle avait vu ce jour-là. Mourir d'un coma éthylique, plutôt banal; banal et pathétique. Ce qui était loin d'être banal, c'était le fait qu'elle ait réussi à trouver une bouteille, elle ne savait toujours pas comment elle avait fait. Le cerveau humain, quelle bizarrerie. Sans cette foutue bouteille de Gin, elle serait toujours en vie. En vie, oui, mais avec ses hallucinations. Peut-être avait on placé cette bouteille entre ses mains, pourtant elle était persuadée d'être seule ce jour-là, comme tous les autres jours d'ailleurs.
Au moins, à présent elle était tranquille de ce côté là. Les visions psychotiques avaient disparues. Quelle chance ! Seule restait cette voix qui la poussait à faire les pires erreurs.

" Je suis morte... d'un coma éthylique ! Étrange non ? J'ai peur, oui. Je me fais du mal parce que... parce que ... " En fait elle ne savait pas du tout pourquoi. " ... c'est facile. Le bonheur, un mot dont j'ai oublié la signification. Je ne pense pas être capable de me sortir de ça toute seule; un comble pour une étudiante en psycho... Et puis, il n'y a rien ni personne qui me donne envie de changer. Non, les voix ne viennent pas de la boisson. "

En disant cela elle n'avait pas pu s'empêcher de tourner la tête, pour fixer son regard sur n'importe quoi se situant à sa proximité. C'était la première fois qu'elle parlait ouvertement de tout cela. C'était un peu étrange, pourquoi se confiait-elle ainsi et aussi facilement ? Avant de continuer elle posa son regard sur la jeune femme.

" Un médecin, oui, mais faudrait-il que je sois clean pour pouvoir aller consulter. Ce qui est presque impossible pour le moment. "

Son interlocutrice déclina à son tour son identité. Elle avait proposé de raccompagner Juliet, sans rien demander en retour. Devait-elle se méfier ? Elle préféra pour une fois laisser place au bénéfice du doute, pour cela elle dû se faire violence. Pas de voix à l'horizon...

" Enchantée Cassie... J'espère avoir encore quelques repères, sinon on risque de passer la nuit à tourner en rond ! Je... je crois que ça va aller. C'est sans doute mieux d'y aller illico. Avant que je ne vomisse à nouveau ou que je sois trop tentée par un autre verre. "

Pour le moment, la nausée semblait être partie, ce qui était plutôt une bonne chose pour la voiture de la blondinette.

En effet, le moins que l'on puisse dire c'est que ce n'était pas rassurant du tout. Juliet avait conscience de son état et du fait qu'il était urgent voire plus que vital de faire quelque chose au plus vite. Cassie était une fois de plus dans le vrai - décidément cette fille avait toujours raison - le Skyline offrait une seconde chance et la possibilité de repartir de plus belle, de tout recommencer de zéro, quoi qu'il ce soit passé lorsque vous étiez vivant. Juliet n'avait pas encore considérer la question sous cet angle, elle se sentit soudainement honteuse de tout gâcher. Tout le monde n'avait pas eu la même "chance" qu'elle, s'il était possible de parler de chance bien entendu, certaines personnes étaient encore et surement bloquées sur terre, attendant la délivrance ultime, alors qu'elle, y était parvenue sans vraiment le vouloir au final. En un sens, tout ça n'était pas très juste. Elle commençait à entrevoir le fait qu'il fallait que son comportement change du tout au tout. La reconnaissance de la maladie et de son problème d'addiction, était le premier pas vers la guérison. C'était déjà mieux que rien.

" Flippante, je crois que ça me caractérise pas mal ! Je n'avais jamais vu ça comme ça, ni sous cet angle. Je me sens nulle et honteuse, je suis en train de gâcher cette seconde chance. Jusque quand ? Je n'ai pas de réponse à te donner. "

Elle baissa soudainement la tête, se concentrant sur ses pieds. La lucidité soudaine lui faisait prendre conscience de tout un tas de choses. Ce n'était pas bon, elle avait envie d'un autre verre. Il lui fallait penser à autre chose au plus vite. Tant bien que mal, et plutôt mal que bien, elle se concentra sur la conversation avec la blondinette, ce qui était loin d'être gagné. Putain d'addiction...

" Je ne sais pas du tout s'il est au courant, j'espère bien que non... Le skyline est fait pour ça, mais je doute que ce genre de personnage change même ici. Un malade mental reste un malade mental, quoi qu'il advienne. " Avait-elle parlé pour elle ou pour Aubéron ? Elle ne sut trop dire. Bien dommage, en effet, elle s'était détruite en étant vivante, et voilà qu'elle continuait à présent. A croire qu'elle n'avait retenu aucun enseignement de ses actes passés.

" J'ai aimé les défis, à une époque. Aujourd'hui, mon défi consiste à boire encore plus; toujours plus... je suis vraiment minable. "

Juliet eut soudainement l'impression que Cassie parlait en toute connaissance de cause, se trompait-elle ? Elle semblait parler de quelque chose qu'elle avait elle-même vécu, ou bien que quelqu'un de son entourage avait subi. Sans doute s'agissait-il juste là d'une déformation de la part de Lester.

" Tu as raison, une fois de plus... Ca devrait m'apporter une grande joie et une certaine fierté, mais à l'heure actuelle, je ne m'en sens vraiment pas capable. J'ai trop la tête sous l'eau pour pouvoir m'en sortir seule... La psycho m'intéresse toujours, mais je n'arrive plus à me concentrer en cours, je me suis inscrite à la fac, mais je loupe souvent les cours... Dans ces conditions là, c'est vraiment trop compliqué. Et puis me retrouver dans un amphi bondé de monde ça m'angoisse. Douée... sans doute. "

La jeune femme proposa à Lester une aide supplémentaire, celle de l'emmener elle-même consulter un médecin. Qu'avait fait Juliet pour mériter autant d'attention ? Elle ne le méritait tout simplement pas, après son comportement du début de soirée, alors pourquoi Cassie avait décidé de lui venir ainsi en aide ? Pour mieux l'enfoncer par la suite... Chut, satanée voix ! Avec sincérité elle lui répondit.

" Merci, merci vraiment, j'apprécie ton aide ! Il est grand temps pour moi d'affronter la réalité... Je crois que je n'ai plus vraiment le choix à présent, ma maladie est trop sévère pour que je continue ainsi sans traitement, et puis l'alcool n'arrange rien ! C'est très dur pour moi à dire et à avouer surtout; mais j'ai vraiment besoin de voir un professionnel. J'accepte que tu m'emmènes voir quelqu'un. "

Cassie soutint ensuite par le bras la blondinette, histoire de s'assurer que cette dernière ne s'écroule pas de tout son long par terre. Elle tenait encore sur ses jambes, mais de manière plutôt bancale. Une fois installée dans la voiture, Cass' lui posa une question qui la fit sourire. La musique adoucissait les moeurs, c'était un bon moyen d'évasion.

" Peu importe, tout me va, quelque chose de calme de préfèrence... Tu pourras tourner à droite au bout de la rue. Enfin si ma mémoire ne me fait pas défaut ! "

Saisir cette seconde chance qui lui était offerte. Dans le fond c'était plutôt simple à réaliser; mais sans doute plus facile à dire qu'à mettre à exécution. En un sens, Juliet avait eu beaucoup de chance de rencontrer Cassie ce soir là, grâce à elle, elle entrevoyait que la vie pouvait être différente, pouvait le devenir tout du moins. Ce qui était déjà un bon point, même si elle était loin d'être tiré d'affaire, au moins elle avait conscience que son comportement devait changer, sans quoi la maladie et l'addiction l'emporteraient. Ce qui n'était tout simplement pas envisageable. Son arrivée à Skyline n'aurait servie à rien si tel était le cas. Seule, elle n'aurait pas réussi à réaliser tout cela, bien qu'elle se doutait qu'il fallait faire quelque chose au plus vite à cause de cette voix... Elle ne se sentait pas non plus la force, ni le courage d'affronter la réalité et pour cela d'aller consulter un médecin. Comme quoi, parfois les choses tenaient à très peu. Un petit coup de pouce et votre vision devenait totalement différente. La partie était loin d'être gagnée, cela s'annonçait surement comme un long et pénible parcours du combattant, elle devrait certainement être internée durant quelques temps; le temps du moins de trouver un traitement avec un dosage adapté pour elle. Mais ce n'était pas ce qui lui faisait le plus peur.

" Le pouvoir de tout arrêter, sans doute, mais pas seule ! Ça me semble vraiment trop... insurmontable. Ce n'est pas mélioratif du tout, c'est juste ce que je suis... pathétique, pitoyable... quelle idée d'avoir laisser les choses ainsi pendant aussi longtemps ? "

Tout est possible. Après tout le bonheur n'est qu'un état d'esprit. Il suffit pour cela de se contenter de peu; des choses simples de la vie, et de se rendre compte sur l'instant, que l'on est heureux, rien de plus. Mais voilà, bien que cela ne soit pas une destination, Juliet n'envisageait pas une seule seconde de pouvoir profiter de quoi que ce soit. Elle s'était mise des barrières toute seule. Elle avait aussi un peu l'impression de sortir d'une longue hibernation, se réveillant soudainement. Elle ne broncha pas lorsque Cassie lui posa la main sur l'épaule.

" Je ne suis pas à la place des gens, c'est certain. Tout est possible ? Tu es sûre ? N'y a-t-il pas un point de non retour à un moment donné ? "

Juliet fut très intrigué par la suite des paroles de la jeune femme. Cette fameuse personne qu'elle connaissait, comment était-elle parvenue à se tirer du mauvais pas dans lequel elle se trouvait ? Qu'est-ce qui avait incité cette personne à s'en sortir ? Etait-ce Cassie qui l'avait aidé ? Si tel était le cas cette femme était vraiment un don du ciel.

" Cette personne que tu connais, comment a-telle fait pour s'en sortir ? Qu'est ce qui l'a poussé sur le droit chemin ? Et comment a-t-elle su que c'était la bonne direction à prendre ? "

Ironie du sort, en temps normal cela aurait dû être à la blondinette de répondre à ce genre de questions. Mais voilà, aujourd’hui elle se retrouvait à la place du patient dérangé. La vie avait fait en sorte d'inverser les rôles. Son défi n'avait rien de bien glorieux, elle en concevait parfaitement. Mais pour oublier, la dose d'alcool devait aller crescendo, sinon l'effet n'était pas le même. Seule, elle ne s'en sortirait jamais, elle n'avait plus assez de volonté pour cela. Le fait de savoir qu'à présent elle n'était plus seule pour se battre contre ses démons, la rasséréna quelque peu.

" Oui c'est pourri, j'ai vraiment honte, je me dégoutte moi-même ! C'est rassurant de savoir que je ne suis plus seule, et de savoir que je suis soutenu par quelqu'un surtout. Chose qui n'a pas vraiment été le cas jusqu'à présent. Je me suis peut-être inscrite, mais je ne vais pas au fond de la démarche, je vais que rarement en cours... il n'y a pas de quoi se vanter. Je ne sais pas si j'arriverais un jour à te remercier, ni à te rendre la pareille ! Les gens bien existent encore... "l'humanité" n'est pas encore totalement perdue ! "

Alors que la musique s'élevait dans l'habitacle, Juliet se laissa aller à son écoute durant quelques instants. Elle réalisa qu'elle n'avait plus rien écouter depuis très longtemps. Voilà à quoi pouvait se résumer le bonheur, à l'écoute d'un morceau de musique zen...

" Après le centre commercial qu'on va bientôt dépasser il faudra que tu prennes sur ta gauche ! "

Que serait-il arrivé si Cassie s'était comportée de manière totalement différente ce soir ? Que ce serait-il passé, si Juliet était rentrée seule, plus tard dans la nuit, avec quelques grammes de plus d'alcool dans le sang ? Il ne fallait plus penser à tout cela. Rien de ce qu'elle ne pourrait se demander ne ferait avancer les choses. A présent, elle devait se concentrer sur un seul but, sa consultation future...

Cassie était tout ce dont avait besoin Juliet, pour envisager sa guérison future. Grâce à elle, elle prenait conscience qu'un monde nouveau, rempli de belles choses l'attendait. Mais pour cela, il fallait qu'elle garde en tête cette volonté de s'en sortir. Le fait d'entendre de la bouche de quelqu'un, qu'il n'était pas trop tard fut comme un nouveau déclic pour l'Américaine. Jamais elle n'aurait pensé à tout cela, toute seule. Jusqu'à présent elle avait été plus moins livrée à elle-même, chose qui n'avait fait qu'empirer son état et le peu d'entrain qu'il restait à la jeune femme s'était rapidement envolé. La vie ne tenait parfois pas à grand chose.

" Je vais penser à l'histoire de la personne que tu connais ou que tu as connu, alors. Je crois que c'est un beau message d'espoir pour les gens comme moi. Pas trop tard... ça sonne bizarrement, jamais je n'aurai pensé une telle chose ! Je me suis détruite à petit feu, et je continue encore... L'auto destruction, un combat qui promet d'être dur."

Des contacts, elle n'en avait plus beaucoup. Pour ne pas dire que sa vie sociale avait été réduite à néant avec ses frasques de plus en plus difficiles à gérer. Une petite pensée alla à son ami Josh, qui était encore là pour elle, malgré son caractère et tout ce qu'elle avait pu lui lancer à la figure. Il était son héros, et il le resterait. Depuis qu'elle avait appris son décès, elle ne l'avait pas croisé à Skyline, et n'y tenait pas particulièrement. Elle ne voulait pas qu'il la voit dans cet état.

" Il ne me reste plus qu'un "contact". C'est une personne assez importante pour moi. C'est lui qui m'a sauvé des griffes de ce taré... C'est en quelque sorte mon héros, je l'admire beaucoup pour ce qu'il a fait... Il est décédé lui aussi, depuis je n'ai pas eu l'occasion de le revoir. Je crois que c'est mieux ainsi. "

Une grimace apparue sur le visage fin de la blondinette.

" Je pense qu'il serait vraiment déçu de me voir ici, et dans un pareil état surtout. Il a risqué sa vie pour moi... et moi qu'est ce que j'ai fais ? J'ai même pas respecté ça. "

Une boule se forma dans sa gorge. C'était plutôt douloureux de se prendre ses échecs et ses erreurs en pleine figure.
L'histoire que raconta Cassie, termina de booster la jeune femme. Cette personne, qui qu'elle soit, était la preuve vivante qu'il restait un espoir, et qu'il était possible de s'en sortir.

" Cette personne a vraiment eu de la chance d'être aussi bien entourée. En plus c'est très dur de garder ce genre d'exemple en tête pour ne pas s'égarer en chemin. Cette personne peux être fière de ce qu'elle a accompli et du chemin parcouru. Le respect... apparemment c'est une notion importante, et un des clefs de la réussite. "

Chaque chose en son temps, chaque problème à régler l'un après l'autre. Le suivi régulier des cours à la fac passait au second plan pour le moment, en effet, ce n'était pas le plus important de ne pas y assister. Elle avait fait la démarche, d'elle-même de se réinscrire à la faculté, et ainsi de retrouver un semblant de vie normale. Juliet avait besoin d'entendre ce genre d'encouragements, pour une fois dans sa vie, elle avait l'impression d'avoir fait quelque chose de pas trop mal. Une grande première en somme pour elle. Un petit sourire apparut sur son visage.

" Avec ce que tu dis, je me sens un peu moins nulle. Je vais régler petit bout par petit bout mes soucis, ainsi ça me semblera sans doute un peu moins insurmontable. Si, j'insiste, un jour je voudrais pouvoir te rendre la pareille. J'y tiens. "

Juliet regarda autour d'elle, la voiture venait de dépasser le centre commercial, elles étaient presque arrivées.

" Non, ce n'est plus très loin, on est à deux minutes même pas. Maintenant il faut aller tout droit, on va arriver à un carrefour, il faudra aller encore tout droit, et on tombera sur Bib Bang Bd, mon immeuble est un des premiers et se trouvera sur la droite. J'habite au numéro 803. "

La jeune femme était presque contente de pouvoir retrouver son petit nid douillet. Elle devrait se faire violence pour ne pas sauter sur le moindre petit verre à son arrivée.