Ce que j'adorais de mon métier, c'était de voir les visages s'illuminer alors que j'entrais dans une pièce remplie d'enfant avec mes derniers livres. Ils étaient tous assis sur le sol, les jambes croisées, attentifs. Ils étaient adorables et j'avais toute leur attention. Je les saluai avec un grand sourire et m'assit sur le sol avec eux. Je déposai mes livres sur le sol et discutai un peu avec les jeunes. Ils avaient toujours une opinion très franche et j'adorais les écouter. Ils voulaient parler, me raconter ce qui se passait à l'orphelinat et je les écoutais avec attention. Je savais qu'ils avaient besoin d'amour et j'espérais leur en donner le plus possible durant l'heure où j'étais avec eux. Faire ce travail bénévolement était extrêmement gratifiant. Alors que je commençai ma lecture, je remarquai un garçon plus vieux que les autres un peu plus en retrait. Il avait au moins une dizaine d'année, contrastant avec les autres enfants qui avaient entre 3 et 7 ans. Je continuai toutefois ma lecture sans m'interrompre, posant des questions de temps à autre aux enfants, qui me répondaient en chœur, d'une même voix.

Les enfants ne tenaient plus en place. C'était mon signal pour arrêter de lire. Lorsque je les libérai finalement, ils se ruèrent à l'extérieur de la pièce, prêt à passer à autre chose. Certains avaient faim, d'autre avaient envie de jouer au ballon. Je les regardai partir, alors que la responsable s'approcha de moi. « Merci beaucoup. » me dit-elle, sachant que je faisais beaucoup pour les enfants dans ce centre. « C'est un plaisir. » dis-je. « Ces enfants n'ont pas toujours eu la vie facile, alors si je peux mettre du soleil dans leur journée, ce serait un sacrilège de ne pas le faire. » Je fis un sourire à la dame, puis lui demandai à voix basse: « Dites-moi, ce garçon plus vieux, comment s'appelle-t-il ? » Il avait attiré mon attention, détonnant dans le groupe. Il ne semblait pas non plus très bavard, ni très sociable. « Il s'appelle Roméo. Son père a été arrêté pour pédophilie et ils l'ont amené ici. » m'informa-t-elle. De tels traumatismes à un si jeune âge, ce n'était pas évident pour un enfant. « Il a le mental d'un enfant de 5 ans, et même parfois encore moins... » Je regardais le garçon et décidai de m'approcher. Une fois près de lui, je m'abaissai à sa hauteur. « Bonjour. » dis-je, un grand sourire sur les lèvres. J'espérais que mon contact ne l'effrayerait pas.

Certain ont beaucoup de chance dans leur vie, alors que d’autre comme Roméo avait beaucoup moins de chance. Le jeune garçon perdit sa mère alors qu’il n’était âgé que de 4 ans et lorsqu’il arriva à l’âge de 10 ans, il fut privé de son père. Certes, ce fut une libération, mais d’un autre côté, il n’avait pas beaucoup évolué depuis des années et donc, Roméo était resté le même que lorsqu’il avait 2 ans. Il fut donc placé dans un centre d’adoption, mais ceux qui s’occupait du centre avait compris qu’il était peu probable qu’une famille décide d’adopter Roméo et ceux-ci trouvait cela dommage. Un matin, une femme entra dans la chambre du jeune Roméo et le regarda dormir en tétant son pouce. Doucement et sans bruit, elle s’approcha du lit et le réveilla doucement. Lorsqu’il ouvrit les yeux, il se leva doucement et resta assit sur son lit en gardant son pouce en bouche. Pour l’aider à devenir plus responsable, les intervenantes du centre avait réussit à apprendre quelque tâche au jeune Roméo. Donc voyant que le petit garçon restait assit à téter son pouce en la regardant et bien la femme se pencha à sa hauteur et lui sourit. «On fait quoi le matin?» Roméo garda le silence et continua de regarder la femme. Celle-ci ne dit rien durant quelque instant, mais fini par retenter sa chance, car parfois, elle devait lui redire par deux fois pour qu’il comprenne. « Roméo, que dois tu faire le matin?» Cette fois Roméo comprit, alors il se leva et marcha rapidement vers sa commode de vêtement et y ouvrit un tiroir et en sortit une couche. Il referma le tiroir, puis par la suite, il retourna en direction de la femme et elle prit la couche et la mit sur le lit du jeune garçon. Baissant son bas de pyjama, elle vérifia la couche qu’il portait et lui retira son pyjama et le coucha au sol et alla chercher quelque serviette humide, puis elle le changea. Elle alla chercher ses vêtements et lui enfila. Par la suite, elle l’entraina par la main et ils marchèrent vers la cuisine commune ou se trouvait déjà tout les autres jeunes du centre. Après avoir mangé, les femmes firent venir les enfants dans une pièce ou leur serait lu une histoire par Elsie, une écrivaine pour livre d’enfant. Les femmes assirent les enfants et l’une d’elle installa Roméo entre deux enfants, mais il ne resta pas en place bien longtemps et alla s’installer dans son coin et s’amusa avec les jouait de super héro qui ce trouvait dans le coin. Lorsque la femme arriva, il n’y prêta pas grande attention et continua de jouer. Puis quand ce fut le temps pour elle de partir, il la regarda, mais détourna son regard, puis il remarqua que quelqu’un ce trouvait à ses côtés, alors il la regarda et l’entendit lui dire bonjour, alors il sourit et lui montra son pouce. « Pouce!» Il remit son pouce dans sa bouche et la regarda et lui tendit un jouait.

Malgré ce que l'on pouvait croire, les retards dans l'éducation des enfants étaient courants. Cela arrivait particulièrement lorsque les parents étaient absents, ou qu'ils ne répondaient tout simplement pas à leur rôle de parent. J'avais déjà offert une chance à Sophie de vivre une vie normale, alors qu'elle avait passé toute sa jeunesse dans un centre d'adoption. Pourquoi ne pas le refaire aujourd'hui ? Sophie avait 16 ans, elle était capable de mener sa vie et même si je tenais encore beaucoup à elle, je savais qu'elle ne resterait pas encore très longtemps à la maison. Elle était assez indépendante, il était peut-être temps de retenter l'expérience ? D'offrir à un autre enfant une seconde chance, lui offrir un futur plus brillant que ce qui l'attendait dans un centre. Mes yeux se posèrent vers Roméo, qui ne semblait avoir personne. Je pouvais lui donner beaucoup. « Pouce! » s'exclama-t-il, me montrant son doigt. Il me remit dans sa bouche aussitôt et me tendit une figurine de superhéros, que je pris dans ma main. Au lieu de rester accroupi, je m'assis au sol face à lui. Je tiens la figurine debout, l'approchant du garçon, comme si elle marchait. « Tu aimerais venir dans ma maison ? » demandais-je au garçon de but en blanc. Je sentais le regard de la responsable dans mon dos, se demandant certainement ce que je faisais. J'étais simplement venue ici pour faire une lecture, non pas pour adopter un enfant. Mais je ne pouvais résister à l'enfant. Il avait besoin d'aide, d'amour, qu'on le supporte et qu'on lui montre qu'on tenait à lui. Je pouvais lui offrir tout cela, alors pourquoi ne pas le faire. Je ne savais pas du tout les difficultés que cela pouvait impliquer, mais j'étais certaine d'être déjà passée au travers de pire. Je regardai me petit garçon dans les yeux, ne sachant pas s'il m'avait compris. « Tu voudrais vivre avec moi ? »

Après lui avoir tendu une figurine, le jeune garçon l’avait regardé quelque instant attendant de voir ce que la femme ferait. Il vit soudain la femme faire avancer la figurine qu’elle tenait dans sa main et faire comme si elle marchait, alors le jeune sourit et après quelque instant, il retira son pouce de sa bouche et écouta ce que lui dit la femme. Ce qu’elle lui dit sonna comme une question, mais l’expression de Roméo montrait clairement qu’il ne comprenait pas vraiment ce que voulait savoir la femme, alors il remit son pouce en bouche et reposa son regard sur sa figurine. Puis soudain, il entendit la voix de la femme de nouveau et comprit ce qu’elle voulait, alors il la regarda et réfléchit quelque instant et durant quelque seconde, son regard alla de la femme à la responsable du centre. Après quelque allé et venu et bien son regard se posa de nouveau sur l’écrivaine, puis il s’approcha un peu d’elle et dit d’une petite voix. «Aison?» Il regarda la femme, puis il vit la femme du centre s’approcher et parler avec l’écrivaine. «Il a beaucoup de difficulté avec les mots, mais je sens que cela lui tente vraiment. Nous ne l’avons jamais vue parler avec un étranger comme cela.» Elle s’éloigna, puis durant ce temps, Roméo continua de téter son pouce et regarda la femme attendant de voir ce qu’elle ferait.

Après quelques hésitations, il comprit. Cela me fit chaud au coeur de le voir se rapprocher de moi, même si c'était à peine perceptible. Il prononça alors le mot "maison" avec tellement d'espoir que cela m'en noua la gorge. La responsable s'approcha de nous et me transmit ce qu'elle avait compris. Avec le temps, elle avait appris à décoder Roméo et à apprendre sa façon de communiquer. Maintenant, cela serait mon tour. J'étais convaincu que c'était la meilleure décision que je venais de prendre, même si je n'en avais pas encore parlé avec Sophie. Cela lui ferait quelqu'un de qui s'occuper, j'étais certaine qu'elle serait enchantée par l'idée.
Le garçon avait remis son pouce dans sa bouche et je décidai de tenter quelque chose. Tout ce que je souhaitais, c'était d'établir un contact. Je ne savais pas quel était le niveau social de Roméo, mais je lui tendis doucement la main, me dirigeant vers la sienne. Tout aussi lentement, j'attrapai ses doigts dans ma paume et les serrai délicatement. Je ne voulais surtout pas l'effrayer, ne sachant aucunement ce qui pouvait être déclencheur d'une crise chez lui. Ses doigts étaient froids dans ma paume et refermant ma main sur eux, entreprit de les réchauffer. Je voulais qu'il se sente complètement à l'aise avec moi et je devais voir s'il acceptait mon contact. C'était la base. Une fois cela établit, il serait possible de penser construire une relation.

De nouveau avec le pouce en bouche, le jeune Roméo resta prêt de la femme en attendant de voir ce qu’elle ferait. Il ne savait pas quoi faire, alors il continua de téter son pouce en silence, puis soudain, il vit que la femme approchait sa main, alors il la regarda sans bouger. Après quelque instant, il sentit la main de la femme toucher ses doigts, alors il la regarda, mais lorsqu’elle serra ses doigts dans sa main, Roméo cru qu’elle voulait lui faire mal, alors il s’écarta en pleurant et se colla au mur, mais la responsable s’approcha et le réconforta. Celle-ci tourna la tête vers Elsie et lui fit signe de venir avec elle plus loin. Une fois plus loin, elle décida de lui expliquer quelque détail sur Roméo et sur son passé. «Il n’aime pas que les étrangers lui serre les doigts.» Sachant qu’elle devait se demander pourquoi, elle décida de continuer de lui expliquer la situation qui avait conduit Roméo au centre. «Lorsque nous avons reçu Roméo, disons qu’il n’était pas dans son meilleur état. La police nous a expliquer que son père abusait sexuellement de lui depuis tout petit d’après les cicatrices et qu’il l’habillait en fillette.» Elle prit une pause, puis posa son regard sur Roméo, mais parla toujours avec Elsie. «Son père ne lui a jamais rien appris, pour cause, il n’arrive pas à parler et je sais que cela est la cause que les gens ne l’adopte pas…. Il n’arrive pas à se retenir et s’il n’était pas en couche, il ferait dans son pantalon.» Elle posa son regard sur la femme, puis soudain, une petite main tira sur la manche d’Elsie. C’était Roméo. «Aim!» Il touchait son ventre.

Le garçon se retira rapidement, j'aurais dû m'en douter. Au moins, j'étais au courant maintenant. Je ne referais plus l'erreur, du moins pas pour l'instant. Je me relevai et suivit la femme qui s'occupait du centre. Elle m'expliqua alors plus en détail ce qui s'était produit avec Roméo alors qu'il était encore très jeune et pourquoi il réagissait ainsi. Quel genre de père pouvait infliger cela à son fils ? C'était affreux. À un si jeune âge ? Je réalisai alors à quel point j'avais eu une enfance facile. Certes, ma mère était morte lorsque je n'avais que quelques années, mais mon père avait été là pour moi, me nourrissant, jouant avec moi lorsque je n'avais rien à faire, s'assurant que je faisais mes devoirs une fois que j'étais revenue de l'école. Certaines personnes n'avaient pas une fibre parentale en eux et malheureusement, ils savaient trop comment se reproduire. Je cherchai le garçon des yeux, où je l'avais laissé, mais ne l'y vit pas. Affolée un instant, je sens alors quelque chose tirer sur ma manche et je réalisai que le garçon était là. «Aim!» annonça-t-il. Vu l'heure, c'était tout à fait compréhensif. Je commençais à avoir un petit creux, moi aussi. « On va manger ? » demandais-je au garçon, avant de tourner la tête vers la responsable. « Puis-je le sortir, l'amener au restaurant tout près ? J'ai votre numéro, s'il arrive quoi que ce soit, je vous contacte sur le champ. » Après un moment de réflexion, elle acquiesça. Je lui fis un grand sourire de remercîment et me tournai vers le garçon. « Tu as un manteau ? On va manger au restaurant. » lui annonçais-je lentement, pour qu'il saisisse du mieux qu'il pouvait ce que je lui disais. Je n'étais pas certaine qu'il comprenait, mais ce n'était pas grave, il comprendrait bientôt. Il fallait simplement y aller un pas à la fois.

Regardant la femme, il attendait de voir ce qu’elle ferait. Il commençait vraiment à avoir faim et il voulait manger quelque chose et vite, car en général, quand on le faisait trop attendre, il faisait sa petite crise. Alors il s’assit sur le sol quelque instant attendant la réponse de la femme, puis soudain, il entendit la voix de celle-ci. Ne disant rien, il tenta de décoder ce qu’elle lui disait, mais il ne comprenait pas vraiment ce qu’elle disait. Puis soudain, il vit Elsie regarder la responsable et lui parler, alors il attendit et vit la femme se pencher et lui prit doucement les mains. «Roméo! Tu vas allez te préparer.» Le jeune la regarda intriguer. «As artir!» La femme lui sourit, puis elle l’aida à se mettre debout. Elle regarda Elsie en silence pendant qu’elle parlait avec Roméo, puis elle montra le support ou était accrocher les manteaux, alors le petit comprit et alla prendre un manteau, quand il fut de retour la femme le prit et lui dit d’aller chercher quelque chose dans la chambre. Quand il fut de retour, il tenait une couche et tout ce qu’il devait avoir. Elle le changea rapidement et l’aida à mettre son manteau. Après cela, il disparut de nouveau et revint après quelque minute en tenant une doudou bleu et une sorte de petite photo. Alors la femme comprit ce que c’était et regarda Elsie. «La doudou est la dernière chose que sa mère lui a offerte avant de mourir et la photo se trouve être une photo de lui et sa maman, la seule qu’il possède d’elle en faite.» Elle regarda Roméo qui attendait devant la porte d’entrée, prêt à partir. «Appeler si vous avez des problèmes, mais avec sa doudou et sa photo, il sera tranquille, mais quand vous allez voir qu’il fatigue revenez. Vous le remarquerez, car il ne tiendra plus en place, il ne fera pas de bruit, mais bougera beaucoup.» Après cela, Roméo apparut à leur côté et attrapa la main d’Elsie et tira dessus pour lui dire de le suivre.

J'étais heureuse qu'on m'autorise à sortir avec Roméo. C'était déjà un premier pas. J'espérais que les choses ne se passent pas trop mal, mais comme la dame m'affirma, avec sa photo et sa doudou, tout devrait bien aller. J’acquiesçais et lorsque le garçon me prit la main, je lui fis un grand sourire. Je suivis Roméo jusqu'à l'extérieur puis ensuite le dirigeai vers le petit café que j'avais vu en arrivant. Il était à quelques minutes, la marche ne serait pas bien longue. Tout se déroula bien, Roméo suivait, me tenant toujours fermement la main. De l'autre, il tenait sa doudou et sa photo. Après quelques minutes en silence, nous arrivâmes finalement au restaurant. J'entrai la première et lui tins la porte alors qu'il pénétra dans l'endroit. Il y avait peu de gens dans le café, ce qui était une bonne chose. Je me dirigeai vers le fond, déposant doucement une main sur l'épaule de Roméo pour lui montrer la direction. Je l'aidai à monter sur le tabouret puis m'assis en face de lui. D'où nous étions, il y avait très peu de bruit. Je ne voulais surtout pas que Roméo se sente menacé par la foule, mais comme il n'en avait pas, c'était parfait. « Qu'est-ce que tu aimerais manger ? » demandais-je doucement. Je ne savais du tout ce qu'il aimait. Ce café proposait un large éventail de sandwichs, mais aussi des soupes et des bagels. Il pourrait choisir lui-même ce qu'il souhaitait manger, j'étais certaine qu'il aurait une préférence. « On va aller voir, d'accord ? » Je laissai mon sac à main sur la table, mais en sortit mon portefeuille. « Tu veux laisser ta doudou ? » Comme la nourriture était au comptoir et qu'il n'y avait pas de service aux tables, il fallait aller commander nous-même notre nourriture. La doudou de Roméo n'était pas si encombrante, mais nous allions être de retour à notre table dans quelques secondes, peut-être préférait-il la laisser là ? Mais s'il préférait la transporter, ce n'étais pas du tout un problème.

Tirant la main de la femme, Roméo attendait de la voir le suivre et cela ne tarda pas longtemps. Une fois la porte ouverte, ils marchèrent dans la rue et allèrent en direction du petit café près de l’orphelinat, durant le trajet, Roméo tenait toujours fermement la main d’Elsie et dans l’autre, il tenait sa doudou bleu et sa photo. Arrivant devant le café, Elsie lui ouvrit la porte et il entra lentement. À vrai dire, il avait peur des endroits qu’il ne connaissait pas bien. Soudain, il sentit la main d’Elsie sur son épaule et elle lui montra l’endroit où ils mangeraient. Roméo marcha vers la table et la femme l’aida à monter sur le tabouret, alors une fois assit sur déposa la photo sur la table avec sa doudou sur la table également. Après qu’Elsie lui ai retiré son manteau, il reprit sa doudou et attrapa la photo dans la même main que sa doudou et mit le pouce de sa main libre dans sa bouche. Il entendit la voix de la femme et la regarda doucement. Bien sûr, il ne dit rien et resta silencieux, puis quand elle lui dit qu’il pouvait allez voir et bien il descendit du tabouret et la regarda. Lorsqu’elle lui demanda s’il voulait laisser son doudou à la table, alors il colla son doudou contre lui et la regarda. «Arder!» Roméo serra fort le doudou contre lui, puis il marcha lentement la femme vers le comptoir et regarda tout ce qu’il y avait. Il tétait toujours son pouce et chercha ce qu’il voulait manger. Mais soudain, son regard fut attiré par un chien qui passait dehors, alors il marcha jusqu’à la vitrine et regarda le chien qui marchait.

Roméo préférait garder sa doudou et sa photo avec lui, c'était parfait pour moi. Je l'aidai à descendre du tabouret et nous nous dirigeâmes vers le comptoir. Il y avait un grand présentoir de verre, avec tout ce que le café offrait comme mets froids. Des sandwichs, des salades, des desserts. Mais ils avaient aussi un menu un peu plus haut, offrant des soupes et des boissons chaudes. Je jetai un coup d'œil vers Roméo, qui observait la vitrine. « Tu vois quelque chose que tu voudrais manger ? » Je ne savais pas ce qu'il aimait, mais j'étais certaine qu'il saurait faire un choix. « Sinon, ils ont de la soupe. » J'espérais qu'il comprenne, mais jusqu'à maintenant, il se débrouillait bien. Même s'il avait un léger retard dans son apprentissage, il restait tout de même qu'il avait déjà passé 11 ans de sa vie à entendre les gens autour de lui parler, il était donc normal qu'il comprenne le sens de ce qu'on lui disait.
La serveuse derrière le comptoir s'approcha et je commandai un sandwich pour moi, ainsi qu'un thé. Je tournai alors la tête vers le garçon, attendant une réponse de sa part. Je ne connaissais encore rien de lui, mais plus les minutes passaient, plus j'avais envie de prendre soin de lui, d'apprendre quel était son plat préféré, le pyjama dans lequel il aimait le plus dormir, son jeu préféré. Je voulais lui offrir la vie heureuse qu'il n’avait jamais eu. Je voulais qu'il réalise son potentiel et qu'il grandisse comme tous les autres enfants. Évidemment, je ne pourrais atteindre cela en un après-midi, mais en l'adoptant, j'y arriverais certainement. Pas après pas, j'y arriverais.
Je souris au garçon et lui demandai: « Tu as choisi ? »

Le choix de Roméo fut facile à prendre. Il désirait garder son doudou avec lui et sa photo. Il fut donc aidé par Elsie pour descendre du tabouret, puis ils marchèrent tous les deux vers le comptoir où se trouvait une vitrine avec plein de nourriture. Le petit regarda toute la nourriture qu’il y avait, mais ne semblait pas vraiment savoir ce qu’il désirait avoir. Alors il posa attentivement son attention sur Elsie et reposa par la suite sur la vitrine pour tenter de trouver quelque chose pour manger. Bien sûr, comme le premier moment où il avait fixé la vitrine, il n’avait rien trouvé qu’il pourrait avoir le gout de manger. Il entendit soudain la voix de sa gardienne pour la journée, alors il la regarda et lui répondit. «As core!» Signe qu’il n’avait pas encore trouvé ce qu’il désirait manger, mais cela ne saurait tarder. Elle lui parla alors de soupe, Roméo attendit, mais ne répondit rien. Elsie pouvait se rassurer, le petit comprenait parfois quand on prenait la peine de lui expliquer lentement….enfin normal, vue que son apprentissage s’arrêta à l’âge de 1 an environs et donc il n’allait pas plus loin. Après quelque instant, elle lui demanda ce qu’il désirait, alors il pointa le tableau du haut qui montrait un bol de soupe, puis il prit la parole. «Oupe….veut oupe hampignon! » Il regarda Elsie et attendit quelque instant. Après avoir dit ce qu’il voulait, il mit son pouce en bouche et commença à le téter.