quatre-vingt-cinq. quatre-vingt-cinq, c'est le nombre d'habitant d'ojai, le village californien dans lequel je réside avec ma femme et mon fils depuis quelques mois déjà. j'suis né à riverside, une ville beaucoup plus peuplée que celle-là, même si j'crois que vous aviez capté. j'ai toujours adoré riverside et vivre à ojai n'était pas un choix. au départ, ce n'était que des petites vacances en famille. on voulait s'rendre dans l'état d'oregon, juste à côté, mais puisque mon sens de l'orientation laisse à désirer, on s'est égaré pour aboutir ici.
ojai, jusqu'à ce que la mort nous sépare. personnellement, au premier regard
(et au deuxième, et au troisième, et breeeef), j'ai trouvé ce panneau de bienvenue excessivement accueillant, ou pas du tout, en fait. j'ai garé la voiture dans le stationnement d'une petite boutique, recherchant désespérément des wc pour mon môme qui a touuuujours la vessie pleine. à peine le pied posé à l'intérieur, j'me souviens tout particulièrement du regard apeuré de la caissière et de ses mains tremblantes lorsqu'elle m'a fait payer ma barre de chocolat. j'ai essayé d'être sympa avec des propos redondants tels que
« il fait beau, aujourd'hui, n'est-ce pas? », mais rien à faire, pour elle j'devais être un psychopathe qui allait, de toute évidence, finir par foutre le feu à sa maison. une fois de retour dans la voiture, j'ai constaté qu'elle ne voulait plus démarrer. j'ai donc fait signe de la main à un vieillard un peu plus loin.
« eeeh, oh, y'aurait pas un garage près d'ici? » il avait hoché négativement de la tête en marmonnant un truc étrange en lien avec le chiffre quatre-vingt-cinq. un peu plus tard dans la journée, alors que je cherchais de l'aide, on m'a référé a mrs. rosewood qui m'a parlé de
la loi. quatre-vingt-cinq,
jamais plus. depuis, j'habite une petite maison sur le bord de la mer avec ma famille et je frissonne à chaque fois qu'un nouveau visage se pointe à ojai.
▸ il est impossible de partir une fois le panneau de bienvenue franchit.
▸ le nombre de villageois d'ojai ne doit jamais excéder quatre-vingt-cinq.
▸ lorsqu'une nouvelle personne arrive, un villageois doit mourir.
pour bien comprendre le contexte, merci de lire l'annexe.