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Descente... de souvenirs (Lucas & Talia)

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Talia Barton
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MessageSujet: Descente... de souvenirs (Lucas & Talia) Jeu 13 Déc - 0:22

Descente... de souvenirs


« L'amitié est la forme éthique de l'éros. » ► Francesco Alberoni


J’enfilais ma tenue et mon gilet pare-balles, assez songeuse. Un assaut allait être lancé sur le lieu d’un importante transaction de drogue, j’avais été mise sur le coup par mon supérieur. Mais je n’avais pas vraiment la tête à faire mes preuves aujourd’hui, mes nuits étaient bien trop courtes et bien trop agitées pour que je me préoccupe de quelques kilos de drogues. La descente était prévue dans une heure à Mira Mesa dans le quartier nord de San Diego. Plus tôt dans la matinée, après des mois de filatures, d’écoutes, d’enquête, l’équipe avait réussi à tirer des infos suffisantes pour pouvoir tendre un piège aux trafiquants et coffrer tout le monde.

Je sortis lentement des vestiaires et me rendit dans une des salles de réunion pour m’entretenir avec les collègues qui iraient avec moi sur le terrain. Bien sûr, vu les têtes qu’ils tiraient tous on comprenait directement qu’ils ne souhaitaient pas y aller ; moi pareil même si Je n’avais pas tout à fait les mêmes raisons. Faut dire, la dernière fois que nous avions organisé un coup de filet comme celui un des officiers s’était fait tué et plusieurs collègues étaient rentrés blessés. On stressait tous quant à l’idée de ne pas revenir entier... c’était le risque à prendre en faisant ce genre de boulot. Si j’avais choisis d’entrer dans la police c’était aussi pour ça. L’adrénaline. Cette sorte d’ivresse qui vous envahis la tête et le cœur, qui vous force à repousser vos limites et qui vous fait entrer dans une spirale d’énergie infatigable. En repensant à cette raison j’avais l’impression d’avoir reçu un grand coup de fouet. J’oubliais presque ma fatigue et le stress. Après tout il fallait que je motive mes troupes. L’affaire était encore plus difficile quand on commandait l’assaut, que les gens comptaient sur nous. Ils étaient là, tous en rond autours d’une table sur laquelle était étalé le plan de l’immeuble désaffecté dans lequel nous nous rendions. Ce que j’avais comme mission encore plus difficile que celle d’aujourd’hui c’était de me faire accepter par mes collègues masculins. Être une femme dans le milieu des forces de l’ordre vous pousse chaque jour à vous surpasser. Encore plus que si vous étiez un homme. Vous devez faire face à des remarques incessantes, autant dire aussi qu’on ne vous ménage pas. Je dois dire que pour le moment je ne m’en sors pas trop mal, la plus part de mes collègues me respectaient. Mais y’avait quelques personnes qui, je pense, n’étaient pas prêtes à m’accepter. L’exemple le plus flagrant était Terrence, un de mes supérieur, plus misogyne que ce type je ne pense pas que ça soit possible. Peut-être que si la mission est réussie aujourd’hui je pourrais obtenir un peu de considération de sa part… M’enfin c’est pas gagné.

Après avoir récapitulé le plan, que chacun savait ce qu’il avait à faire et après avoir vérifié que tout le monde avait son matériel. Nous avons pris d’assaut nos véhicules. Les battements de mon cœur s’accéléraient à mesure que le stress grandissait. Je ne perdais pas de vue que j’allais être un des premières personnes à entrer dans l’immeuble, à voir le visage des trafiquants, devoir au cas où essuyer des tirs, riposter, protéger mes collègues. Je ne me permettrais aucune bavure durant cette intervention. La camionnette filait droit vers le quartier nord ? Le chemin me paraissait interminable. Je ne parlais pas plus que ça, je pensais énormément à la suite. Douze minutes plus tard nous débarquons dans le quartier à problèmes, je serrai du bout des doigts son Colt M4. J’espérais qu’il n’y aurait pas de complications et que les membres du trafic ne les attendaient pas. Normalement non, on avait été très discret là-dessus grâce à notre infiltré.
La camionnette s’arrêta dans une rue en parallèle de l’immeuble cible. Sans perdre de temps et en tout discrétion nous nous avançons vers l’édifice principal. Nous pénétrons silencieusement à l’intérieur, empruntant les escaliers, on pouvait entendre des voix quelques étages plus bas. Nuls doutes, nous étions bien au bon endroit. Mon rythme cardiaque s’accéléra encore plus une fois que nous nous trouvions derrière la porte coupe-feu du sous-sol. Tout le monde se tenait prêt. Je fis signe à mes collègues et laissa à la place à mon co-équipier qui défonça la porte. Arme en main nous pénétrons rapidement et en masse après avoir balancé une bombe lacrymogène dans la pièce.

« POLICE DE SAN DIEGO ! POSEZ VOS ARMES AU SOL ! LES MAINS EN L’AIR ! PLUS VITE ALLEZ ! »





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Lucas Truelove
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MessageSujet: Re: Descente... de souvenirs (Lucas & Talia) Mar 1 Jan - 20:04

Le comment je me suis retrouvé là ... Dans ce hangar désaffecté des quartiers Nord à dealer de la drogue pour quelques billets ? Je dirais simplement que ce n’est pas parce qu’on veut se refaire une réputation que s’efface l’ardoise et que vous oublie le business. C’est un tantinet plus compliqué que ça. Après m’être fait serré un an plus tôt, après ce deal passé avec les keufs et cette putain de mission d’infiltration au sein de la Mafia Italienne, j’aurais eu beau me dire « les conneries, c’est terminé ! », il y a toujours cette étrange position qui te fait penser que quoi que tu fasses, quoi que tu te dises, tu ne seras jamais tiré d’affaire. Je n’oublie pas qui je suis ni même d’où je viens. Il y a une dénomination particulière pour les gens comme moi, une catégorie bien spécifique et à part. Je n’ignore pas qu’une fois que les fédéraux n’auront plus besoin de moi, que mes informations seront aussi utiles qu’un balai à chiottes, ils me renverront, avec un peu de chance, avec une misérable enveloppe, et n’hésiteront pas à me remettre la main dessus au moindre dérapage. Sans considération ni respect. Pas plus qu’elles en avaient quand elles exigeaient quelque chose de moi. Pas plus qu’elle en avait quand je m’efforçais de prendre soin d’elle. Ainsi va la vie, j’avais fini par me faire une raison, mais pas totalement à attendre sagement le sort. Pas de nature patiente, l’inactivité me tue bien trop que m’envenime l’action. Il y a longtemps que j’ai fait ce choix.
Et pourtant, je sais que je risque gros si je me fais choper ce soir. Il faut cependant survivre. Ma couverture ne me protège que des actions qu’on pourrait me pousser à faire quand je suis en mission pour les Italiens. Or, cette nuit, c’est uniquement pour moi que je le fais. Je ne suis pas qu’un clébard qui attend qu’on lui donne sa pâtée. Obéissant et sage. J’ai toujours été nul avec les règlements. Pas non plus le bon pigeon qui prend les risques à la place d’autres trop frileux, trop importants ou trop pédants. Je vis au gré des avantages et des inconvénients. Je n’ai toujours fait que m’adapter à la vie comme elle vient, et torture ...

Le commanditaire ordonne que tous les téléphones soient coupés lorsqu’on pénètre dans l’entrepôt. Je ne connais que peu les mecs avec qui je zone hormis celui qui m’a mis sur le coup. On doit être pas plus de 6 au total, les autres bien plus nombreux. 2 d’entre eux possèdent des armes automatiques, et se placent de part et d’autre du sous-traitant. Je me tiens quelques mètres en arrière, armé moi aussi. On est jamais trop prudent ni ne sait réellement avec qui on traite. Autant le cash que la thune se trouve au même endroit au même moment, ça évite les plans en douce. Chacun des représentants s’avance, valise en main. Monte la pression. La marchandise passe au contrôle qualité/prix. Je perçois un léger mouvement de tête approbatif de l’homme qui se tient face à moi. Un léger cliquetis métallique capte mon attention. Mais trop tard ... Le bâtiment industriel est pris d’assaut par une horde de flics qui hurlent déjà les recommandations de routine et envoient des bombes lacrymogènes pour dérouter les occupants. Les UZI ripostent. Les balles fusent dans la masse. Je me couche abruptement au sol pour éviter les coups manqués, dissimulé de la sorte par le gaz de la vue des plus déterminés à en chopper un. Je me relève légèrement alors que tout s’affole autour de nous. Bien que courbé, je tente de prendre la tangente en direction de l’accès extérieur réservé aux transporteurs qui donne conjointement sur l’arrière du bâtiment et donc sur la vaste zone industrielle. La planque idéale. Une fois sorti de l’entrepôt c’est gagné. Pas le temps de réfléchir au comment ils ont su qu’on se trouvait à cet endroit précis. C’est plus mon affaire. Le plus important maintenant c’est de sortir de là sans se faire prendre. Me repliant au mieux, j’attins la petite porte sur ma droite, pénétrant dans un petit sas dans lequel se trouve un escalier en fer situé parallèlement au monte-charge.
Plus le temps de penser, j’emprunte l’escalier à toutes enjambées, défonçant la porte à grand coup d’épaule, pas le temps de jouer avec la poignée. J’ai l’ultime sensation d’avoir quelqu’un sur mes talons mais je ne vais pas sagement l’attendre pour le confirmer. J’entame le sprint de ma vie à travers la salle de déstockage lorsque j’attends me hurler une voix dans mon dos qui me somme de m’arrêter ou alors de mourir. Je finis par m’immobiliser, les mains au-dessus de la tête. Le timbre de sa voix m’apprend qu’il s’agit d’une femme. Néanmoins, j’analyse du regard tout mon environnement afin de m’offrir une échappatoire ne comptant pas me résoudre à me rendre sans tenter le tout pour le tout. Risquer ma couverture me couterait cher ... Je l’attends approcher à la hâte, cependant je ne me retourne pas pour lui faire face ...



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Talia Barton
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MessageSujet: Re: Descente... de souvenirs (Lucas & Talia) Mer 2 Jan - 19:24

Descente... de souvenirs



« Rien n'est plus vivant qu'un souvenir. »




Pourquoi avais-je décidé de mettre les pieds dans la police, peut-être parce que c’est l’un des seuls métiers qui pouvait m’assurer un salaire fixe, me permettant d’avoir un chez moi plutôt modeste, enfin surtout ouais un toit au-dessus de la tête et de quoi manger sans pour autant me serrer la ceinture dès le milieu de mois. C’est également le seul boulot qui me stimule, qui me donne assez adrénaline pour moi. Un boulot qui permet de montrer à mes parents que si, j’ai quand même réussi à faire quelque chose de ma vie si misérable à leurs yeux. Que je m’en suis sortie, que je me suis battue pour y arriver que… Pff sacré blague. Jamais rien n’est assez bien dans ce que je fais, je pourrais même être présidente des États-Unis qu’ils trouveraient quelque chose à redire à la situation. Je les entends encore me dire que jamais je ne ferais quelque chose de ma vie, que je finirais escorte-girl dans un bar miteux au fin fond du Texas, que je leur faisais honte, que je les avais déshonorés. Je me souviens avoir arpenté les rues New York mainte et mainte fois les yeux rougis par beaucoup trop de larmes versées. Par deux fois j’avais été désirée, et par deux fois je me suis sentie abandonnée, mal menée. Moi qui espérais juste qu’on soit fier de moi. Ah la belle affaire ! Mais aujourd’hui j’essaie d’oublier, après tout, toute cette souffrance m’a grandie, m’a transformée, m’a solidifiée. Grâce à ça je suis ce que je suis aujourd’hui. Une femme forte qui ne se laisse plus marcher sur les pieds et qui a réussi au sein de la police de San Diego, peu importe par où j’en suis passé pour en arriver là, ce qui compte aujourd’hui c’est le résultat ! Et rien ni personne ne pourra plus me faire chanceler.

Les balles filaient de partout, notre effet de surprise avait l’effet escompté, ils étaient tous là, coincés, pris au piège, ils ne pourraient pas aller bien loin si jamais ils osaient essayer de passer notre barrage. Les lacrymogènes faisaient bien leur boulot ne leur laissant pas deviner le nombre que nous étions, guidé à l’extérieur par un collègue qui avait un détecteur de chaleur cela nous donnai un avantage considérable sur la situation. Mes collègues passent à l’assaut prêt à neutraliser et à interpeler tous les mafieux. Je reste cependant sur le côté quand dans mon oreillette une voix grésilla. « Talia y’en a un qui se tire par la porte de secours, l’équipe en bas n’est pas encore positionné faut que tu le choppes, il nous les faut tous tu entends ? tous ! Cours ! » J’appuie sur le micro avant de répondre sans hésiter que je m’en occupais. Je me mis à courir à la poursuite du fuyard, il me le faut, s’il s’échappe je peux dire adieu à ma petite promotion que j’attends depuis un an et demi et je vous raconte même pas le savon que va me passer le sup’ si jamais j’échoue. J’entre dans un petit sas qui débouche sur un grand escalier, j’écoute pour savoir s’il est monté ou descendu et me lance à sa poursuite à travers ce dédale de ferraille. L’adrénaline commençait sérieusement à augmenter, je ne comptais pas le lâcher comme ça, dans peu de temps mon mignon, tu seras à moi que tu le veuille ou non. Nous voilà entrain de courir à travers la salle de destockage, j’appuie sur mon micro « j’ai la cible en visu dans le hangar de destockage c’est bientôt dans la poche… » Je m’arrête pointe l’arme sur le jeune homme avant de hurler :

« POLICE DE SAN DIEGO LES MAINS AU DESSUS DE LA TÊTE ! UN PAS DE PLUS ET JE TE COLLE UNE BALLE ENTRE LES OMOPLATES C’EST COMPRIS ? »

J’espérais sincèrement qu’il allait s’arrêter gentiment et que j’allais pouvoir toucher ma com exactement comme c’était prévu à la base. Je reprenais mon souffle calmement voyant que le jeune homme s’était arrêté et avait mis ses mains au-dessus de sa tête, je le gardais cependant en joue avant de me rapprocher hâtivement de lui.

« Maintenant tu te retournes lentement les mains toujours bien visibles au-dessus de la tête compris ? »

Il ne se retournait pas, il ne bougeait pas d’un centimètre. Je restais à une distance raisonnable de lui, le contournant afin de me mettre bien en face de lui, lentement. Pourquoi ne bougeait-il pas ? Qu’avait-il derrière la tête ? Si jamais il croit pouvoir m’échapper je pense que ce n’est pas le bon jour. Je me plante en face de lui, sortant les menottes de ma poche.

« Vous êtes en état d’arrestation, vous avez le droit de garder le silence, tout ce que vous pourrez dire sera… »

Je le fixais et c’est alors que je sentie comme une interminable sueur froide me courir le long du dos, je pourrais reconnaitre ce visage entre mille, ce regard, cette façon de se tenir, cette arrogance dans l’expression du visage ça ne faisait aucun doute il s’agissait bien de «… Lucas ». Soudain la porte du hangar claqua, deux autres de mes collègues venaient de me rejoindre, arme au point.

« ON NE BOUGE PLUS LA PARTIE EST TERMINÉE GARCON ! »


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Lucas Truelove
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MessageSujet: Re: Descente... de souvenirs (Lucas & Talia) Lun 21 Jan - 21:28

Je me tenais bien droit face à la sortie, qui à seulement quelques mètres de moi, me narguait sans parvenir à l’atteindre. Et pourtant, il est hors de question que je me fasse attraper de la sorte. Pas comme ça, pas aussi tôt, pas après tout ce qu’il m’a fallu faire et défaire pour en être. Toutes ses années de galère, toutes ses journées de grosses dèch sans parvenir à savoir si je serais encore en vie le jour suivant ? Pas après toute cette incertitude, pas après m’être fait débusqué comme un rat qu’on enfume et qu’on a bien trop vite fait d’incriminer parce que c’est plus arrangeant ainsi. Pas une seconde fois. J’avais la haine de la police, et cela depuis un certain temps. Surement depuis mon enfance, quand ils venaient faire leur inspection qu’ils voyaient bien que j’étais loin d’être un gosse équilibré et sans problème. Mais non, ils repartaient toujours avec cette même dégaine à faire gerber, celle du criminel qui préfère bien mieux fermer les yeux qu’ouvrir sa gueule. Oui, il n’y a pas de franche différence entre eux et moi. Dans un sens ou dans un autre, on est tous corrompus, et cela jusqu’au la moelle. Or moi, je sais d’où provient cette gangrène. Elle me ronge l’âme depuis bien trop d’années pour que je parvienne à l’oublier. Mais eux, elle ne provient que de la soif de pouvoir, de l’appât du gain et l’avidité des avantages, toujours au détriment des autres. Une force puisée dans la faiblesse. Même mode opératoire. Et à présent, c’est dans le gouffre de cet entre-deux qu’il me faut survivre, sans plus de ressources qu’au départ. La fin justifie les moyens ...

J’entends le cliquetis significatif du flingue qui me tient en joue juste là, dans mon dos, et les ordres qu’elle ne peut s’empêcher de m’aboyer comme pour se donner une certaine légitimité. Je vais lui en donner de la légitimité. Elle m’ordonne alors de me retourner, mais je n’en fis rien, ne bougeant pas d’un centimètre. Si elle veut voir mon visage, elle n’a qu’à s’approcher. Je fais glisser mes mains jusqu’à ma tête, enserrant mon crâne. Je mets toute la mauvaise foi possible et imaginable pour lui compliquer la tâche. Ses pas se rapprochent, je sens qu’elle n’est plus très loin, et je n’ai toujours pas de plan B en tête. Elle reste cependant à distance raisonnable de moi, les traits de son visage sont barrés par le canon de son arme alors que ses yeux sont fixes et persécuteurs. Je lui retourne son amertume, alors qu’elle dégaine les menottes, je hausse furtivement un sourcil, la dévisageant dans un fin sourire.

Quelques secondes supplémentaires, alors que la cassure incompréhensible de son discours me fait tiquer, et je la reconnais. Elle a été plus rapide que moi ... Talia ... La première question qui me vient en tête n’est autre que : « Mais qu’est-ce qu’elle fout là et surtout dans cet uniforme de flic ? ». La seconde question n’a pas le temps de survenir que deux de ses collègues rappliquent en gueulant nous surprenant autant elle que moi. Jolie boulette... Elle avait la situation bien en main et voila qu’ils ont tout fait capoter. Je frappe d’un coup sec sur son arme, dont le coup abrupt et incontrôlé, percute avec vacarme le plafond en taule et va valser quelques mètres plus loin d’elle. M’est offert une ouverture en or. J’attrape mon .38 calé fermement à ma ceinture dans mon dos et vient faire garrot sur sa gorge de mon bras droit alors que mon autre main presse sauvagement mon flingue contre sa tempe. Réaction d’urgence, je n’ai même pas eu le temps de lui formuler mes regrets face à ce qui allait suivre, du regard ... Mais je n’ai pas eu le choix. L’opportunité, à ses dépends, était trop belle pour ne pas que je m’en saisisse. Pas le temps pour les politesses ou encore les relents de sentiments. On verra ça plus tard. Si elle est ma seule porte de sortie, je ne vais pas lui demander la permission ... Surtout qu’un de nous deux ne se trouve pas du bon côté ... reste à savoir lequel ...

« C’est ça ouais, vous faites un pas de plus et je la descends ! ». Je recule franchement. « Vous ne voudriez surement pas avoir la mort d’une de vos collègues sur la conscience, par votre faute ? » gueulais-je à leur encontre alors qu’ils se sont immobilisés, faits comme des bleus. J’atteins enfin la porte du hangar que je défonce d’un bon coup de pied avant de m’extirper à l’extérieur. Je l’entraine avec moi à la hâte et contre son gré, aussi loin que possible afin de m’éloigner autant que je le peux de ce putain d’entrepôt. Ayant pénétré dans la zone industrielle, je m’engouffre dans autant de dédales que de labyrinthes qui donneraient peine à la police de me mettre la main dessus tant l’espace est vaste. Néanmoins, je sais que je dispose de peu de temps pour prendre la tangente parce qu’ils vont se lancer à sa recherche et le faire avec intense conviction.

Je finis par ralentir le pas à proximité d’une usine suffisamment camouflée dans le décor avant de la relâcher. Mais avant ça, je ruine sa radio qui s’écrase au sol sans ménagement et lui retire le micro qu’elle a dans l’oreille pour éviter que l’envie lui prenne de lancer un signal de localisation. Certes, il fut une époque où on ne se quittait plus, une époque où une seule minute loin d’elle me faisait hurler de manque, mais aujourd’hui ... elle porte cet uniforme, et malgré, malgré tout le bien que j’ai pu lui souhaiter, toute la foi que j’avais en elle et en laquelle je n’ai jamais cessé de croire, elle fait parti des leurs ... Mais ai-je le droit de la condamner pour ça alors que je bosse pour les fédéraux ? J’en doute ...
Ma main desserre enfin ses poignets ... je baisse lentement mon arme. Peu importe les intentions qu’elle peut avoir à mon égard, à présent, son timing sera toujours trop long pour être réalisable. Me tenant cependant toujours dans son dos, je lui glisse ses paroles à l’oreille, tel un murmure.

« Jamais je n’aurais pensé que tu finirais flic ... jamais ... ». Je n’ajoutai rien d’autre, attendant sa réaction qui ne tardera pas à se faire sentir, je la guettais, avec rigueur.


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